(Forum des As)
Le gouvernement congolais dit qu’il n’y aura pas d’enquête car il n’y a eu aucune violation des droits de l’homme dans le refoulement des Rd-Congolais
Mardi dernier, l’Onu par le biais de l’Allemand Martin Köbler, chef de la Monusco a tapé du poing sur la table exprimant son ire pour des graves violations des droits de l’homme dont ont été victimes presque tous les expulsés rd-congolais du Congo-Brazzaville. Dans un communiqué cosigné Köbler et Zaïnab Hawa Bangura, Représentante spéciale du secrétaire général chargée des questions de violences sexuelles commises en période de conflit armés, les deux personnalités ont condamné ces exactions, exigé à Brazzaville de cesser leur commission et surtout d’ouvrir des enquêtes pour identifier les auteurs, en vue d’établir les responsabilités.
Réponse du berger à la bergère. Hier avec la réponse au vitriol du gouvernement Sassou Nguesso. Celui-ci par le biais de son porte-parole a réagi par le truchement de Rfi, dans ses émissions captées à Kinshasa à 6h30. Sans mettre les gants, il annonce brutalement que son gouvernement n’a aucune enquête à mener.
Car, il n’y a eu aucune violation du moindre droit humain à l’égard des expulsés congolais. Aucune violation. Ensuite il se répand dans une kyrielle des gros mensonges les enchainant à foison, les uns aussi grossiers et ridicules que les autres. Il prétend par exemple que les expulsés ont été traités humainement. Humainement ! Vraiment ! Est-on bien sur la planète terre ou une autre ?
Les expulsions ont été exécutées conformément aux standards internationaux en la matière. Et pour les quelques rares cas de débordements, 17 policiers ont été sanctionnés. Quant aux nombreuses femmes rd-congolaises systématiquement violées par les forces de l’ordre lors de ces opérations d’expulsions sauvages, le porte-parole du gouvernement congolais les qualifie de menteuses car personne n’a été violenté sexuellement.
Tous les témoignages à ce sujet sont cousus de fil blanc pour discréditer Brazzaville. Sur le chiffre astronomique de 130.000 expulsés, l’écrasante majorité est constituée des volontaires qui ont eux-mêmes demandé à retourner à Kinshasa lorsque Brazzaville a commencé la traque des bandits de grand chemin et autres criminels ressortissants de la Rdc. D’où les enquêtes que réclame l’Onu sont sans objet car les expulsions ont été exécutées par la Police de Brazzaville avec professionnalisme.
On peut en rire un en pleurer en s’interroger si de telles contre-vérités viennent d’un gouvernement d’un Etat moderne, au 21ème siècle, à l’époque de la sophistication des moyens de communication par satellite qui permettent la circulation de l’information en temps réels, c’est-à-dire distribuée à la seconde près aux quatre coins de la planète.
C’est grâce à cet impressionnant outil de « nouvelle technologie de l’information » que le monde a minutieusement suivi ces expulsions. On ne peut donc pas endormir le monde entier qui connait bien ce qui s’est passé à Brazzaville lors des expulsions des Rd-Congolais avec la commission de pires exactions. Qui peut encore, sur la place internationale, se risquer à accorder le moindre crédit aux propos d’un gouvernement comme celui de Denis Sassou qui nie même les évidences. Difficile donc de vendre à l’opinion des montages.
A ce sujet, on a encore ne mémoire sa demande de pardon adressé au peuple congolais de Brazzaville lors de la Conférence nationale de 1991 lorsque les membres de la Commission « Assassinats » avaient éventré le boa. Le cas le plus révoltant est celui du capitaine Pierre Anga que la propagande mensongère des Services de Denis Sassou annonçait en rébellion retranchés en fôret avec une poignée d’hommes, alors qu’il avait été arrêté bien avant et sommairement exécuté, 1988.
DES DISPARUS DU BEACH DE BRAZZAVILLE
En 1999 éclate l’affaire des disparus du Beach de Brazzaville. Ce jour là, 700 Congolais de Brazzaville réfugiés à Kinshasa lors de la guerre Pascal Lisouba-Denis Sassou traversent le pool répondant à l’appel à la réconciliation lancé par le nouveau Président, Denis Sassou Nguesso. A l’arrivée, 375 disparaissent mystérieusement et n’ont jamais été retrouvés jusqu’à ce jour.
Denis Sassou organise un simulacre de procès qui se termine en eau de boudin. Malheureusement pour lui, un juge français saisi par les parties civiles des disparus déclenche des poursuites sur cette affaire. C’est sur cette base que le général Dabira, considéré comme le bras droit de Sassou Ngueso sera mis aux arrêts et entendu en France avant d’être renvoyé sur Brazzaville suite aux pressions politiques.
Ce qu’il faut avec le gouvernement congolais ce sont des poursuites judiciaires, les faits démontrant les exactions contre les Congolais expulsés sont encore frais. C’est à ce moment-ci qu’il ne faudra pas perdre le temps et saisir les juridictions internationales pour que Brazzaville paye le prix fort des violations graves des droits de l’homme dont les Congolais sont victimes.
C’est le lieu de saluer l’initiative de la plate-forme des femmes congolaises encadrées par Elysée Minembwe, Questeure de l’Assemblée nationale et Geneviève Inagossi, ministre du Genre qui ont été reçues par le Procureur général de la République (Pgr) Floribert Kabange hier et lui ont demandé de se saisir d’office pour déclencher des poursuites pénales contre les auteurs de ces faits infractionnels qui sont bien connus. Les femmes ont aussi proposé au Pgr de mettre en place une Commission rogatoire pour aller enquêter à Brazzaville, lieu de commission de ces actes criminels.