(Forum des As)
Au moment où les Congolais attendent l’éradication totale des groupes armés dans le Nord-Kivu à l’issue de l’opération de traque enclenchée par les Fardc, appuyées par la Brigade d’intervention de la Monusco,
conformément à la Résolution 2098 du Conseil de sécurité, à Lubero, Nord-Kivu, à environ 250 Km de Goma, est née une nouvelle milice. Dirigée par un certain colonel Kassogo non autrement identifié, elle se nomme « Armée pour la protection des Hutu ». Elle a donc une vocation communautaire de protéger, non le peuple congolais contre toute forme d’insécurité d’où qu’elle vienne, mais seulement la communauté « Hutu ».
Ce groupe vient d’installer sa capitale dans la forêt de Lubero, un territoire désormais miné par les FDLR Hutu rwandais qui y procèdent systématiquement au recrutement des combattants, pillent les champs des villageois et exploitent des carrés miniers riches en or qui foisonnent dans ce territoire.
On apprend de la Société civile de Lubero, qui n’a jamais cessé de tirer la sonnette d’alarme sur les activités criminelles des FDLR, que le nouveau groupe pour la protection des Hutu a fait alliance avec les Maï-Maï Nyatura, proches des FDLR et aussi avec ces derniers. Il y a là au moins trois forces négatives dans le seul périmètre de Lubero. On peut imaginer le martyre que va triplement endurer la population, déjà en détresse avec la seule présence des FDLR.
Quant aux motivations de ce dernier né qui est la protection des Hutu, on se demande si ces derniers sont en danger au Nord-Kivu pour nécessiter la création d’un groupe armé pour leur sécurisation. Bien au contraire, c’est la présence des FDLR-Hutu Rwandais qui tiennent en coupés réglées plusieurs villages du Nord-Kivu où ils sèment mort et désolation sur leur passage, qui a toujours servi de prétexte à la création des rébellions des Tutsi congolais depuis 1996.
Ceux-ci se disent menacés d’extinction par les FDLR-Hutu rwandais qui sévissent ici voici maintenant vingt ans. Le Rcd-Goma, le CNDP et le M23 sont nés sous ce chapitre de la menace de mort que représentent les FDLR-Hutu. Aujourd’hui, cette menace semble avoir changé de camp.
Ce sont les Hutu qui s’estiment en danger et qui s’organisent en dehors des organes de l’Etat pour leur protection, par groupes armés interposés. N’est-ce pas cela que tout le monde, y compris la communauté hutu du Nord-Kivu, a reproché aux rébellions d’obédience Tutsi qu’a connue cette province ?
Ce nouveau groupe armé, qui n’est ni plus ni moins qu’une force négative de plus, doit subir les foudres des Fardc dans le plus bref délai afin de le casser dans l’œuf, étant donné qu’il n’est encore qu’au stade embryonnaire. Autrement, un bon matin, on se réveillera en RDC avec un groupe armé pour la protection de chaque tribu. Il y en aura au moins 400 pour tout le pays.
LA MILICE HUNDE DE JANVIER KALAIRI
Au Nord-Kivu, on est en voie de cette triste réalité qui veut que presque toutes les communautés tribales aient des milices. La plus féroce est la milice Hunde de Janvier Kalairi dénommée Maï-Maï APLCS, dont le bastion est à Lukweti, territoire de Masisi. On ne l’a pas encore éradiqué. Car elle continue a semer la terreur dans la contrée par le même mode opératoire : viols, vols, assassinats, pillages, incendie de villages.
Pas plus tard qu’hier les Fardc ont engagé des actions sporadiques contre quelques positions de Kalairi qui lui est lourdement armé et occupent les collines environnantes de Lukweti, à 40km de Masisi-centre. Ce qui fait que tout engagement hasardeux contre ses positions est toujours périlleux, même la Monusco le reconnait.
Il est question maintenant de savoir comment un individu comme Janvier Kalairi a pu se procurer l’armement lourd pour défier les Fardc et la Monusco ? Lukweti est sur le prolongement du Rwanda. Il n’y a que par cette voie que le chef APCLS a pu être ravitaillé.
L’objectif étant vraisemblablement de créer le chaos sur cette partie du Nord-Kivu dont les minerais poussent comme des plantes à fleur de peau. Le questionnement sur le ravitaillement en armes est aussi valable pour un autre groupe armé étranger celui-là, les ADF/NALU à Beni-Territoire. Là où ils disposaient d’énormes stocks d’armes lourdes. Ils disposaient même d’une usine artisanale pour fabriquer des bombes.
Cette semaine, à Mbau, ancien fief des ADF/NALU, proche de la bourgade de Kamango, les Fardc ont découvert un fort souterrain qui contenait diverses armes de guerre, des fusils automatiques d’assaut, de munitions, des obus, des mortiers, des roquettes et de lance-roquettes. Là aussi, le même questionnement : d’où est venu cet armement lourd quand on sait que les ADF/NALU occupait un territoire enclavé, adossé à l’Ouganda ?