(Le Potentiel)
« Gédéon et ses fidèles sont des cannibales ». Pour cette raison et d’autres encore pour lesquelles la justice congolaise recherche un des artisans de « bakata katanga », Moïse Katumbi Chapwe, gouverneur du Katanga, a demandé au gouvernement central de livrer Kyungu Mutanga, alias Gédéon, à la Cour pénale internationale (CPI), pour crimes contre l’humanité. Son appel sera-t-il entendu ?
Au Congo qui se veut démocratique, impunité rime avec tolérance zéro. Les grands criminels sont caressés dans le sens du poil. Ils sont libres de leurs mouvements tandis que les auteurs de petits larcins sont livrés à la potence. Illustration : Kyungu Mutanga, alias Gédéon, un de chefs de la nébuleuse surnommée « bakata katanga » qui sème la panique et la désolation dans plusieurs territoires de la province du Katanga. Avec pour espace de prédilection le triangle de la mort qui comprend les territoires de Mitwaba, Pweto et Manono.
C’est à l’occasion d’un échange de réarmement moral le week-end avec des élèves finalistes du secondaire à Lubumbashi que le gouverneur du Katanga a révélé le côté anthropophage de Kyungu Mutanga alias Gédéon. Après avoir encouragé les candidats à l’examen d’Etat à affronter l’épreuve avec courage et optimisme, Moïse Katumbi Chapwe a déploré le fait que plus de cinq mille élèves des territoires occupés par les « Bakata katanga » sont écartés de la compétition nationale. Pour la bonne et simple qu’eux et leurs parents ont fui leurs villages pour échapper aux exactions de Gédéon et ses miliciens. Les autres jeunes ont été enrôlés de force dans la milice après l’incendie de leurs écoles et de leurs villages. Le drame humanitaire est tel que le nombre des déplacés internes a franchi le seuil de 500 mille.
Quid ? Renseignements pris, le tristement célèbre criminel du Katanga ne se contentait pas seulement d’incendier des villages, de piller, violer ou tuer les paysans, mais encore il se délectait de la chair humaine. Cannibale, voilà la face cachée du terroriste qui passe dans l’opinion comme un illuminé. D’aucuns font état de la chair humaine boucanée très prisée dans les milieux des miliciens. Celle-ci renforcerait les pouvoirs de ceux qui les consomment (sic !).
Dès lors, c’était le comble. Selon Moïse Katumbi Chapwe, Gédéon doit être arrêté et livré à la Cour pénale internationale (CPI), juridiction compétente pour connaître pareils crimes. C’est l’appel qu’il a lancé au gouvernement central afin que ce repris de justice et récidiviste invétéré aille répondre de crimes contre l’humanité commis dans la province du Katanga.
Pour rappel, condamné à perpétuité en 2008, Gédéon avait réussi avant les élections de 2011 une évasion spectaculaire à la prison de Lubumbashi pour se réfugier dans le parc national de l’Upemba. Depuis, il a réussi à relancer et réorganiser son groupe armé. « Et des questions subsistent quant à l’identité de ses complices éventuels, ceux qui lui ont fourni matériel, armes et munitions pour relancer son mouvement insurrectionnel », note Rfi sur son site.
Mitwaba : le chef milicien Gédéon veut rendre les armes à la Monusco
Le seigneur de guerre Kyungu Mutanga alias Gédéon a déclaré qu’il pourrait se rendre à la Monusco si celle-ci était présente à Mitwaba ou à Pweto. L’administrateur du territoire de Mitwaba, Donatien Ngoy Kasongo l’a fait savoir aux membres de la délégation de la Monusco de Lubumbashi en mission de trois jours à Mitwaba Centre. Ce territoire ainsi que ceux de Pweto et Manono (Katanga) forment le « triangle de la mort », à cause des exactions commises par les combattants Maï-Maï du groupe de Gédéon et les Maï Maï Bakata Katanga.
L’administrateur du territoire de Mitwaba a informé les membres des différentes sections de la Monusco, présents à Mitwaba Centre, du désir de Gédéon de remettre les armes aux casques bleus. D’après cette autorité politico-administrative, Gédéon l’a déclaré lors d’un meeting tenu devant une centaine de miliciens Kata Katanga le mois dernier à Kabale, son village natal :
« Gédéon, le mois passé, il a donné l’ordre de libérer tous les détenus et après, il a dit, on se prépare pour remettre les armes. Il veut que la Monusco soit là parce qu’il n’a pas totalement confiance en notre gouvernement, il faut qu’il y ait la Monusco. Il a même confirmé que si la Monusco est à Mitwaba ou quelque chose comme Pweto, il peut se rendre. Nous nous disons, pour couper court, on essaie encore de voir si la communauté internationale peut penser à installer le bureau de la Monusco ici pour voir si ce qu’il a dit est réellement vrai ».
Donatien Ngoy Kasongo a assuré que ces informations lui ont été livrées par des hommes sûrs qui ont assisté à ce meeting.
Le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, avait lui aussi plaidé pour le retour des casques bleus égyptiens à Pweto le 29 mai lors de la célébration de la journée internationale de casques bleus. Ils s’étaient retirés une semaine avant,deux mois après leur arrivée sur place. Selon Moïse Katumbi, l’insécurité persistait encore au Nord du Katanga.
Le groupe Maï- Maï du milicien Kyungu Mutanga Gédéon a semé la terreur dans les territoires de Mitwaba, Pweto et Manono entre 2004 et 2006, avant l’arrestation de leur chef.
Après son évasion de la prison de Kasapa à Lubumbashi, en septembre 2011, Gédeon Kyungu s’est réinstallé dans le territoire de Mitwaba où il s’est réorganisé.