(La Prospérité)
*Ils sont là, depuis 2000. Aujourd’hui, cela fait environ 14 ans qu’ils tuent, pillent, massacrent, violent, volent et livrent les populations civiles à des multiples exactions.
Le mot ‘’calvaire’’ trouve là, toute son essence, s’il faut peindre le tableau noir et, même, qualifier la situation infernale à laquelle de nombreux compatriotes sont, malheureusement, exposés. L’hallali a donc sonné lorsqu’en écrivant, dernièrement, un mémorandum à Joseph Kabila, le Président de la RD. Congo, les Députés de la Province Orientale, réunis au sein d’un Caucus, sous la Coordination de Valentin Senga Paysayo, ont décidé d’exhumer ce dossier, en s’inscrivant en faux contre l’implantation prolongée et injustifiée des Mbororo dans les Districts de Bas-Uélé et Haut-Uélé.
A en croire ces 44 Députés de la Province Orientale qui renâclent en raison de tous les ravages et drames humains enregistrés au fil des années, ces éleveurs étrangers armés auraient un agenda calqué sur une nouvelle forme de balkanisation qui, pourtant, a été maintes fois décriée sur le sol congolais.
Dans ce mémorandum, ils rappellent l’historique de l’avènement des Mbororo dans la Province Orientale, plus particulièrement, dans le Haut et Bas-Uélé. Ils y relèvent, en outre, les conséquences de leur occupation irrégulière dans certains villages tels que, Buye, Sasa, Manziga, Banda, Bili et Niangara. Dans le même lot, ils dénoncent les destructions de l’écosystème, avec la récurrence des actes ourdis contre des espèces protégées et, la dévastation des troupeaux. Pis encore, notent-ils, les Mbororo procèdent à la chasse organisée contre les autochtones et refusent de se soumettre aux autorités établies ainsi qu’aux lois et textes réglementaires en vigueur en RD. Congo.
Après tout, derrière des affrontements contre les Fardc et en connivence avec la LRA, ils constituent un danger permanent qui, évidemment, vise la balkanisation.
Voilà pour quelles raisons, ces Députés de la Province Orientale dont les noms et signatures sont lisibles sur la liste au bas du mémo, en fac-similés, recommandent à Minaku et Kengo de se saisir de ce dossier, pour en faire un dossier national, au niveau du Parlement, à l’instar d’autres questions liées notamment, à la traque contre les groupes armés. Au gouvernement, ils exigent un plan précis, un chronogramme détaillé relatif au désarmement, recensement et regroupement des Mbororo en vue de leur rapatriement, sans délai. Et, enfin, à la Monusco, ils conseillent de dissuader certains de ses cadres intéressés à imposer l’implantation définitive des Mbororo en Province Orientale et de s’en tenir aux bornes tracées – la protection de la protection civile congolaise – par les résolutions des Nations Unies au terme de son mandat sans cesse renouvelé en RD. Congo. Lisez, ci-après, l’intégralité de ce dossier au contenu si révélateur.
MEMORANDUM DE CAUCUS DES DEPUTES NATIONAUX DE LA PROVINCE ORIENTALE CONTRE L’IMPLANTATION DES ELEVEURS ETRANGERS ARMES « MBORORO » DANS LES DISTRICTS DE BAS-UELE ET DE HAUT-UELE.
Nous, Députés Nationaux, élus de la Province Orientale, réunis ce vendredi 25/04/2014, pour faire un état des lieux de la situation sécuritaire de la Province Orientale, en général, et du bassin de l’Uélé, en particulier, avons constaté avec beaucoup de regrets la présence prolongée des éleveurs étrangers armés MBORORO, depuis plus d’une décennie, dans les Districts de BAS-UELE et de HAUT-UELE.
1. Brève historique
Après plusieurs tentatives avortées sous la deuxième République, les éleveurs étrangers armés MBORORO, profitant des moments d’instabilité en RDC vers les années 2000, se sont installés dans un premier temps dans le territoire d’ANGO sous l’administration du mouvement rebelle du MLC. Et, dès lors, sous prétexte d’être en quête des pâturages, ils poursuivent l’occupation irrégulière des espaces dans les territoires de POKO, NIANGARA, DUNGU et BONDO, avec comme objectif ultime de conquérir tout le bassin de l’Uélé.
Malgré plusieurs rapports adressés au Gouvernement de la RDC et recommandant le rapatriement sans conditions de ces envahisseurs armés dans leurs pays d’origine, nous constatons fort malheureusement, que ces documents sont restés lettres-mortes. Cela nous pousse à accréditer la thèse selon laquelle, il y aurait des complices qui ne jurent que par l’installation définitive des MBORORO dans le territoire de la RDC. Parmi les présumés complices, nous pouvons citer :
· Certains officiels congolais tant au niveau national que provincial qui protègent les MRORORO moyennant quelques têtes de bêtes ou d’autres avantages.
· Certaines personnalités de la MONUSCO, essentiellement « les Peuls », frères de sang des MBORORO qui militent pour l’installation définitive des MBORORO en RDC et pour l’obtention de la nationalité congolaise, car ils veulent les faire passer pour des refugiés climatiques et/ou des apatrides alors que leurs nationalités et leurs pays d’origine sont bien connus ;
· Certains dirigeants Peuls des pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique Central (le Tchad, le Nigeria, le Sénégal, la guinée, le Burkina-Faso, Mauritanie, etc.) qui soutiennent mordicus la cause des MBORORO en RDC et surtout ceux qui occupent des postes importants au sein des Organisations panafricaines et internationales.
2. Conséquence de cette occupation irrégulière
Quatorze ans après, soit de 2000 à 2014, la présence de ces envahisseurs armés venu des pays sahéliens a occasionné beaucoup de préjudices à la population de la Province Orientale en général et à celle du bassin de l’Uélé notamment :
2.1. Plusieurs exactions contre les populations autochtones :
· Des tueries en série (une dizaine des personnes tuées dans le village BUYE en 2005, 7personnes tuées dans la chefferie SASA en 2012, 19 autres tuées dans la chefferie MANZIGA en 2014, 2 militaires des FARDC tués à BANDA en 2012, un agent de la DGM brûlé vif en 2013 dans sa maison à BILI, 2 éléments des FARDC abattus à bout portant, un paisible citoyen grièvement blessé par balle dernièrement le 24 avril 2014 à NIANGARA…).
· Des viols, des attaques répétées à mains armées, des extorsions, des enlèvements, etc.
2.2. Destruction de l’écosystème :
· Toutes les espèces jadis protégées sont systématiquement exterminées, plus spécialement les ruminants, dans le seul but de conserver le pâturage exclusivement pour leur cheptel et rendre l’alimentation de la population dépendante de leur viande de vache ;
· Leurs troupeaux sont en train de souiller les eaux des ruisseaux et de tarir les sources d’eaux destinées à la consommation de la population
· Destruction des champs et des cultures vivrières des populations autochtones entrainant la famine ;
· Risque de désertification de la région suite au broutage des herbes par les troupeaux détruisant ainsi la flore et la faune ;
· Des feux de brousse intempestifs provoquant la destruction des villages, des champs et de l’écosystème.
2.3. Recrudescence de certaines maladies jadis éradiquées comme la maladie du sommeil provoquée par les mouches tsé-tsé qui accompagnent le bétail.
3. Stratégie de balkanisation
3.1. Occupation abusive et irrégulière des terres suivie de l’interdiction formelle faite aux autochtones d’y accéder pour faire la chasse, la pêche, la cueillette, le ramassage, etc.
3.2. Chasse aux autochtones et refus de se soumettre aux lois et textes réglementaires de la RDC ainsi qu’aux autorités locales.
3.3. Etant lourdement armés, les MBORORO s’affrontent régulièrement avec les FARDC et agissent en connivence avec l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA). Ceci constitue un danger imminent qui vise la balkanisation de la RDC.
4. RECOMMANDATIONS
Nous observons aujourd’hui, une stratégie mise en place malignement par les MBORORO et leurs complices, consistant à se concentrer fortement dans les espaces inhabités ou dans les réserves naturelles servant des parcs en l’occurrence, le domaine de réserve de BILI-UERE et le parc de la GARAMBA. Certains d’entre eux, avec la complicité de leurs frères, sont en train de s’autodéterminer en tant qu’ayants droits des espaces qu’ils occupent. Si le gouvernement de la RDC n’y prend garde, il y a risque de balkanisation du territoire national. L’exemple de la Crimée majoritairement peuplée des russophones qui s’est détachée de l’Ukraine est encore frais dans nos mémoires. C’est pourquoi le Caucus des Députés Nationaux de la Province Orientale dit NON au projet machiavélique de quelques personnalités de certains pays et Organisations Internationales qui militent pour l’installation définitive des éleveurs étrangers armés MBORORO en RDC. Par conséquent, nous recommandons ce qui suit :
a. Au Parlement
· Se saisir du dossier MBORORO pour en faire une question nationale, à l’instar de beaucoup d’autres questions des groupes armés ayant fait l’objet des débats à l’Assemblée Nationale.
b. Au Gouvernement
· Présenter, par le truchement des Ministres de l’Intérieur et de la Défense Nationale, un plan précis, assorti d’un chronogramme détaillé relatif au désarmement, au recensement, au regroupement des MBORORO en vue de leur rapatriement sans délai et sans condition dans leurs pays d’origine conformément aux résolutions des Concertations Nationales;
· Renforcer la sécurisation de nos frontières nationales en l’occurrence, réguler le flux migratoire aux frontières de la RCA et du Soudan du Sud et y restaurer l’autorité de l’Etat.
c. A la Monusco
· Rester dans les limites de son mandat en RDC (la protection de la population civile congolaise) et dissuader certains de ses cadres qui cherchent à imposer l’implantation définitive du groupe armé étranger MBORORO en RDC.