(Le Phare)
La Mission des Nations-Unies pour la stabilisation de la RD Congo (Monusco) a répondu, hier mercredi 18 juin 2014, à l’occasion de sa conférence hebdomadaire en son quartier général à Kinshasa/Gombe, à la préoccupation exprimée
par le seigneur de guerre Kyungu Mutanga alias « Gédéon », qui a déclaré qu’il pourrait se rendre à la Monusco si celle-ci était présente à Mitwaba ou à Pweto. “Gédéon a confiance en la Monusco pour s’engager dans ce processus de reddition. Nous sommes interpelés et prenons des dispositions pour cela. Mais, il doit savoir qu’il est un criminel. S’il se rend, il va faire face à la justice pour les nombreux griefs retenus contre lui (viols, meurtres, recrutement d’enfants, enlèvements, etc.)” a précisé le porte-parole de la Monusco.
En effet, le territoire de Mitwaba ainsi que ceux de Pweto et Manono forment le
«triangle de la mort» au Nord-Katanga, à cause des exactions commises par les combattants Maï-Maï du groupe de Gédéon et les Maï Maï Bakata Katanga. D’après l’administrateur de Mitwaba, autorité politico-administrative, Gédéon l’avait déclaré lors d’un meeting tenu devant une centaine de miliciens Kata Katanga le mois de mai à Kabale, son village natal. « Gédéon, le mois passé, a donné l’ordre de libérer tous les détenus et après, il a dit, on se prépare pour remettre les armes. Il veut que la Monusco soit là parce qu’il n’a pas totalement confiance en notre gouvernement, il faut qu’il y ait la Monusco. Il a même confirmé que si la Monusco est à Mitwaba ou quelque chose comme Pweto, il peut se rendre. Nous, nous disons, pour couper court, on essaie encore de voir si la communauté internationale peut penser à installer le bureau de la Monusco ici pour voir si ce qu’il a dit est réellement vrai », a affirmé Donatien Ngoy, Kasongo qui a assuré que ces informations lui ont été livrées par des hommes sûrs qui ont assisté à ce meeting.
Dans l’attente d’une suite à cette demande de Gédeon, le porte-parole militaire de la
Monusco a indiqué, hier mercredi, que le climat sécuritaire est demeuré volatile et imprévisible dans plusieurs territoires de la province du Katanga, en l’occurrence Mitwaba, Pweto, Moba, Manono et ce ; à cause des activités négatives des groupes armés, principalement les différentes factions Mai-Mai Bakata-Katanga.
Terreur et désolation
A en croire les témoignages les plus récents, plusieurs villages du Haut-Katanga se sont vidés de leurs habitants suite à des affrontements, entre des miliciens répondant aux ordres du chef rebelle Gédéon, et des soldats de l’armée régulière. Ce sont des milliers de civils qui sont déplacés. « La région est en train de sombrer dans la violence, la psychose, la panique et la peur. Outre Mubidi, les habitants des villages Kwiyongo, Kwisinga, Kapanda, Kamakumbi, Tombwe ont pris la fuite. Il y en a beaucoup qui se cachent en brousse. Nombreux sont ceux qui sont venus s’installer à Kabola, à cinq kilomètres de Kasongo-Mwana, sur l’axe Kilwa-Mitwaba », a indiqué Mgr Fulgence Muteba Mugalu, évêque de Kilwa-Kasenga, ajoutant que les déplacés, dont des milliers d’enfants, se trouvent sur des sites de fortune.
Il convient de rappeler que Gédéon est un seigneur de guerre condamné à la peine capitale pour crimes contre l’humanité commis entre 2001 et 2006 dans le Nord du diocèse de Kilwa-Kasenga. Il s’était rendu le 12 mai 2006 aux forces de l’ONU à Mitwaba après une cavale meurtrière en forêt de plusieurs années. Il avait été jugé par la Cour d’ordre militaire de Lubumbashi au terme d’un procès émaillé de plusieurs questions sans réponses, notamment celles concernant ses parrains.
Son évasion de la prison de Kasapa à Lubumbashi, en plein jour, n’était pas passée inaperçue. Il avait été libéré par une opération commando qui avait permis à plusieurs centaines d’autres détenus de disparaître dans la nature.