(Forum des As)
En marge du sommet de la CIRGL de Naï de plus en plus des voix s’élevent pour déplorer que seule la RDC rend véritablement compte de l’exécution des engagements contenus dans l’Accord-cadre. Tout se passe comme si Kinshasa était l’unique signataire de cet accord. Aucun autre Etat n’est contraint à cette obligation. Alors que quand on prend par exemple le thème de réforme politique, de la démocratie et des droits de l’homme, tous ces pays qui entourent la Rdc ne sont pas mieux lotis.
En Ouganda, le Président actuel Kaguta Museveni est au pouvoir depuis 1986, soit près de 30 ans de pouvoir.
A ce sujet, il n’a pas encore dit son dernier mot et personne dans la Communauté internationale ne trouve à redire. Paul Kagame règne en maître absolu sur le Rwanda depuis 20. Il ne laisse aucun espace d’expression à ses opposants qui sont traqués comme des jihadistes.
FREQUENTABLE DANS LA COMMUNUTE INTERNATIONALE
Pourtant, il préside le Conseil de sécurité de l’Onu, preuve qu’il est fréquentable dans l’arène politique internationale. Pourtant, le Rwanda c’est bien une dictature et c’est plutôt là que l’Accord-cadre devrait aussi exiger des réformes radicales. Tel que cela se passe, c’est comme si le Rwanda est un paradis démocratique. Cette asymétrie est de nature à biaiser l’évaluation qui est faite à Addis-Abeba, dès lors qu’il ne concerne que la Rdc.
Des réunions se succèdent pour évaluer le degré d’accomplissement par la Rdc des engagements pris. Alors que le bon sens aurait voulu que de telles assises examinent l’application de l’Accord dans les 11 pays signataires surtout les plus concernés qui sont les voisins de la Rdc par la façade-Est par où passe sa déstabilisation.
Ceux-ci se tournent bien les pouces. Ils n’ont de compte à rendre à personne. Ils attendent que la Rdc s’explique sur les engagements qu’elle a pris devant la Communauté internationale. C’est bien anormal, faudra-t-il le crier à tue-tête. C’est bizarre que ceux-là qui ont toujours eu à financer des rébellions de l’Est de la Rdc, à alimenter des réseaux pour l’exploitation illégale de ses ressources, soient tranquilles. C’est bien curieux.
D’où vient que le Rwanda par exemple est exportateur de certains minerais dont son sous-sol ne recèle pas la moindre gramme ? C’est là l’alimentation des réseaux maffieux qui pillent l’Est de la Rdc. Ce qui montre que celui qui doit rendre compte n’est pas celui qui est visé dans l’Accord-cadre qui n’est qu’une victime mais celui qui crée le chaos pour en profiter et piller.
CORRIGER L’ASYMETRIE DE L’ACCORD
Tant que les chefs d’Etat de la CIRGL ne se seront pas penchés sur cette question d’asymétrie pour corriger, l’Accord-cadre perdra toute son essence. Il ne servira plus par la suite qu’à meubler les tiroirs des bureaux capitonnés des chancelleries.
L e Sommet examine aussi la question du désarmement des FDLR. Pour échapper à l’option de la force pour les démanteler ces miliciens Hutu-rwandais ont pris l’engagement de désarmer volontairement. Ce qu’ils ont commencé à faire, mais à compte-goutte. Jusqu’à ce jour, on dispose de deux camps de transit de la Monusco à Walungu, Sud-Kivu et à Kanyabayonga au Nord-Kivu.
Dans chacun de ces deux camps, on enregistre 600 personnes, combattants et leurs dépendants. Ceux-ci doivent être acheminés à Bukavu où un avion affrété par le gouvernement central est toujours en stationnement depuis une semaine pour les attendre. Mais jusqu’hier, ils n’avaient toujours pas l’autorisation de leur hiérarchie. Celle-ci attend la satisfaction de son préalable d’aller d’abord visiter le site d’hébergement de Kisangani avant de donner le go aux hommes.
Sur place même à Kisangani, il y a un blocage qui vient du côté de la population qui s’oppose à cette arrivée des FDLR et qui s’exprime à travers toutes les couches de la société. Comment vont-ils vivre. La population les rejette et promet des manifestions pour les en empêcher.
Pour sa part, le Président intérimaire des FDLR Victor Biringiro s’interroge sur la pertinence du site de Kisangani d’y aller contre la volonté de la population que lui-même a entendu de la Société civile ainsi que des parlementaires qui disent Non à leur arrivée.
Comme on le voit, la question des FDLR n’est pas aussi simple que le pensent certains dans la Communauté internationale. Leur place, c’est bien au Rwanda, dans leur propre pays. Là par exemple Kinshasa a pris toutes les dispositions et même l’affrètement de l’aéronef, un 727, mais la population s’oppose en plus du fait que les FDLR eux-mêmes présentent aussi des préalables pratiques. Faudra-t-il vraiment que le gouvernement aille à l’encontre de la volonté de la population de la Province Orientale ? Peut-on se risquer à forcer une telle cohabitation quand on sait qu’il s’agit des criminels de guerre qui ont tué des Congolais, pillé et brulé des villages, violé des Congolaises qu’ils ont souvent utilisées en forêt comme esclaves sexuels ?