Les avoirs des rebelles ougandais de l’ADF-Nalu « gelés » aux Etats-Unis

(Le Potentiel)

Les avoirs des rebelles ougandais de l’Alliance des forces démocratiques (Alliance of Democratic Forces, ADF) aux Etats-Unis sont gelés par le département du Trésor qui, dans la foulée, « empêche les entreprises américaines de traiter avec lui ».

« Nous condamnons dans les termes les plus fermes les activités de l’ADF et la poursuite des violences contre les civils. La communauté internationale été très claire que les groupes responsables de ces atrocités doivent être isolés », a déclaré le sous-secrétaire au Trésor, David Cohen dans son communiqué.

Il a insisté sur le fait que « l’ADF a ciblé des civils en République démocratique du Congo en 2013, y compris des femmes et des enfants, forçant des milliers de personnes à fuir vers l’Ouganda, kidnappé des gens et recruté des enfants aussi jeunes que 10 ans ».

La décision des États-Unis de placer mardi l’ADF sur leur liste noire « fait suite à l’annonce lundi par le Conseil de sécurité des Nations unies qu’il a placé sur sa propre liste noire l’ADF, accusé de recruter des enfants soldats, de pratiquer des mutilations et des agressions sexuelles et d’attaquer des forces de l’Onu », rapporte La voix de l’Amérique (VOA).

« L’ADF, qui se fait également appeler Armée de libération de l’Ouganda, sera désormais soumis à un embargo de l’Onu sur les armes, verra ses avoirs gelés et sera interdit de visas. L’ADF s’était donné pour mission de lutter contre le gouvernement ougandais, mais s’est installé en RDC dans les années 1990. On chiffre ses effectifs à entre 1.200 et 1.500 combattants », précise-t-elle.

ADF-Nalu, un des groupes armés les plus anciens

Selon International Crisis Group, « les Forces démocratiques alliées-Armée nationale de libération de l’Ouganda (ADF-Nalu) sont un des groupes armés les plus anciens et les moins connus de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) et le seul de cette région à être considéré comme une organisation terroriste appartenant à la nébuleuse islamiste d’Afrique de l’Est ».

« S’ils ne constituent pas une menace déstabilisatrice comme le Mouvement du 23 mars (M23), ils tiennent cependant tête à l’armée congolaise depuis 2010. Créé en RDC en 1995 et situé aux confins montagneux de la RDC et de l’Ouganda, ce groupe armé fait preuve d’une extraordinaire résilience qui tient à sa position géostratégique, son insertion dans l’économie transfrontalière et la corruption des forces de sécurité », explique-t-il.

Il rappelle qu’« agrégat de plusieurs mouvements armés soutenus par des acteurs extérieurs – le Zaïre de Mobutu Sese Seko et le Soudan de Hassan al-Tourabi –, les ADF-Nalu luttaient initialement contre le régime ougandais de Yoweri Museveni, mais ils ne sont jamais parvenus à s’y implanter ».

D’origine ougandaise, le groupe ougandais ADF-Nalu « s’est enraciné dans l’Est de la RDC et, plus particulièrement, dans des zones montagneuses difficiles d’accès ».

« S’insérant dans la population locale et les circuits du commerce transfrontalier, il a noué des relations avec divers groupes armés de l’Est de la RDC ainsi qu’avec les autorités civiles et militaires ougandaises et congolaises. Cette implantation dans une zone grise a permis aux soldats perdus des ADF-Nalu de survivre sans gagner une bataille depuis plus de quinze ans et d’avoir été vaincus à plusieurs reprises mais jamais neutralisés », signale International Crisis Group.

Ainsi, « grâce à leur dirigeant, Jamil Mukulu, un chrétien converti à l’islam, les ADF-Nalu ont cessé d’être un problème congolo-ougandais pour prendre une dimension régionale en tant qu’élément de la nébuleuse islamiste radicale en Afrique de l’Est ».

« Toutefois, d’une part, il subsiste de nombreuses zones d’ombre sur les liens entre les ADF-Nalu et les organisations islamistes radicales de la région et, d’autre part, l’islamisme de ce groupe armé parait superficiel », note-t-il.

En fin de compte, International Crisis Group suggère qu’« avant d’envisager toute nouvelle intervention militaire contre les ADF-Nalu, il convient de faire la part du mythe et de la réalité et de réduire sa base socioéconomique tout en proposant une offre de démobilisation et de réinsertion à ses combattants ».

 

 

 

 

 

 

 

 

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe

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