(Forum des As)
La République démocratique du Congo patauge. Du moins sur le plan politique. Plus de cinquante ans après son accession à la souveraineté nationale, le pays a du mal à décoller suite à un déficit criant de cohésion nationale. Difficile de mobiliser longtemps toute la classe politique autour de l’intérêt général, malgré les nombreuses tentatives qui se sont soldées par un cuisant échec.
Que faire pour maintenir la RDC sur la voie de la relance économique ? Quelle stratégie doit-on peaufiner pour consolider la cohésion nationale et mobiliser les efforts des Congolais dans le processus de développement ? Ces questions taraudent aujourd’hui l’esprit de plusieurs analystes politiques.
Quand on analyse le parcours de la classe politique congolaise, la déception saute vite aux yeux. Au plus fort des crises, des voix se sont élevées pour prôner la conciliation des vues, le compromis historique au sein de la classe politique. Ces tentatives se sont plusieurs fois multipliées, mais leurs résultats n’ont pas perduré dans le temps.
SEMER LA CONFUSION POUR AVOIR SA PLACE AU SOLEIL
En ce moment où chancelleries et experts se félicitent d’enregistrer, pour une fois sur l’échiquier national, des indicateurs macroéconomiques positifs, des leaders politiques montent au créneau pour semer la zizanie en instituant un climat de trouble. En mal de positionnement, ils ne lésinent sur aucun prétexte pour créer la polémique et la confusion.
Tout récemment, les médias locaux ont fait échos de ces acteurs politiques qui, dans leurs discours, mobilisent l’opinion contre toute révision de la Constitution du 26 février 2006. Pas plus tard qu’hier, c’est autour du mandat de Joseph Kabila après 2016 qu’opposants et partisans du pouvoir s’empoignent. Difficile souvent que les violons s’accordent. Chaque tendance tenant à l’emporter sur l’autre. Ce qui n’est pas évident !
Certes, s’il est évident que les textes de loi doivent être respectés aussi bien par les dirigeants que par le citoyen lambda, les acteurs politiques congolais n’ont nullement privilégié le compromis politique pour maintenir la cohésion nationale.
Bien souvent, que ce soit lors de la Conférence nationale souveraine (CNS), tout comme lors des Concertations nationales, le compromis tant recherché a été biaisé par des compromissions. Par ailleurs, il est apparu clairement que les opposants invités n’étaient vraiment pas représentatifs.
LE MODELE SUD-AFRICAIN
Dès l’indépendance de la RDC, on s’attendait à l’union des forces en présence pour redresser le Congo nouveau débarrassé du virus colonial. En vain. La cohabitation Kasa-Vubu-Lumumba s’est soldée par un échec, fragilisant dès lors l’unité nationale et le tissu économique du pays. Il en a de même été lors de CNS, le tandem Mobutu-Tshisekedi ayant abouti à un cuisant échec. Le schéma 1+4, concocté en Afrique du Sud, n’a pas non plus produit des miracles, vu les tensions manifestes entre les camps de Joseph Kabila et de Jean-Pierre Bemba.
Et pourtant, dans un pays aussi vaste et plurielle, un compromis historique serait indiqué pour fédérer les fils et filles du pays autour de l’intérêt national. Un peu comme la Nation Arc-en-ciel, l’Afrique du sud de Nelson Mandela, qui, après l’ouragan de l’apartheid, a vu son unité consolidée. Tout démocrate qu’il était, le tout premier président noir du pays, malgré la victoire de son parti – l’ANC – a jugé utile de travailler avec ses adversaires qui n’ont pourtant pas gagné aux élections.
Ce compromis historique a joué un grand rôle dans l’unité nationale, permettant à ce pays de demeurer la locomotive du continent africain. Un exemple qui devrait inspirer la classe politique congolaise, conviée à privilégier l’unité dans la diversité.