(L’observateur)
Le M23 et ADF/Nalu déboutés, différents groupes maï-maï malmenés, les FDLR décidant unilatéralement de déposer leurs armes, pour qu’enfin soit cimenté une paix durable arrachée au prix du sang par nos vaillants FARDC. Mais ces quelques îlots de résistance qui émergent, ça et là inquiètent les paisibles citoyens qui pensent refaire leur vie dans les campagnes dévastées.
En l’espace de neuf mois, exactement, la paix est en grande partie revenue dans le Rutshuru, et plus au nord du Nord-Kivu, dans Beni. Deux territoires longtemps privés de stabilité de l’activisme des groupes armés. Les plus redoutés : le M23 à Rutshuru et les ADF/Nalu à Beni. C’est au prix d’énormes sacrifices que l’armée régulière a pu vaincre ces groupes, qui jouissaient d’important soutien extérieur.
Ceux qui ne rêvaient que de la balkanisation, en ont eu pour leur compte. Il y a quelques trois mois, les maï-maï de l’APCLS de Janvier Karairi et ceux du NDC de Ntabo Tabere Cheka ont été contraints de se replier dans la vaste forêt de Masisi et Walikale. L’offensive menée par des brigades bien formées des FARDC, appuyées par des troupes de la Brigade d’intervention des Nations Unies, a permis la réouverture de la route Masisi – Walikale. Nyabiondo, Luashi, Lukweti, Kibua, Mutongo, Ntoto, Pinga,…des localités stratégiques jadis tenues par ces groupes armés et qui sont aujourd’hui passées sous contrôle de l’armée régulière.
Des milliers de déplacés ayant fui les combats depuis des années, sont revenus. Le travail des champs, l’élevage de gros et petits bétails a aussi repris avec enthousiasme. Pour la première fois depuis une dizaine d’années des élèves finalistes ont pu passer en toute quiétude leurs épreuves des examens de fin d’année, sans peur. ‘’ En quittant Masisi-centre jusqu’à Mutongo, nous n’avons payé aucune taxe comme les années antérieures. Aucune barrière n’a été trouvée sur ce tronçon, là où il y en avait des dizaines ‘’, témoigne un ancien finaliste, qui vient de décrocher son diplôme.
Des rebelles désespérés
Pour autant, population et humanitaires demeurent prudents. Dégarnissant leurs positions, Tcheka et Janvier, se sont repliés dans la forêt. Une immense forêt dense difficilement pénétrable. En plus, leurs troupes se sont scindées en petits groupes qui mènent jours et nuits des incursions et attaques suicides dans des villages et sur certains axes. ‘’Ils connaissent mieux la région et pensent qu’avec cette stratégie, ils vont continuer à s’alimenter sur les dos de la population et ralentir l’offensive des FARDC”, explique un analyste politique spécialiste de la région. Stratégie d’attaque analogue adoptée par les ADF/Nalu, qui peinent à se frayer un chemin, pris dans la nasse des troupes commandées par le Gen Mundos.
Leur espace est devenu de plus en plus réduit dans une forêt sans issue de secours. Ils sont contraints de se rendre, expliquait un activiste de la société civile connaissant mieux la zone. Presque anéanti à la suite de leur dernière déconfiture signée FARDC, perdant tout espoir de poursuivre leur sale besogne, – tueries, massacres, enlèvement, trafic illicites des minerais,…-, ces rebelles ougandais mêlés à certains fils égarés, tendent des embuscades sur certains tronçons du territoire de Beni. ‘’Ils pensent semer doute et psychose de nos éventualité d’une résurgence de l’insécurité”, explique un activiste des droits de l’homme spécialiste des questions sécuritaires dans ce territoire. Le Nduma defense of Congo, NDC de Cheka se replie en grande partie sur le territoire de Lubero pourchassant les FDLR, leurs ennemis jurés. Et aujourd’hui, ils occuperaient plusieurs villages de ce territoire. Pour consolider ses rangs, il procède au recrutement, – sans réel succès affirme des sources onusiennes – des jeunes combattants après des pertes et défections enregistrées à la suite de l’offensive des FARDC.
Entre temps, à Masisi, Rutshuru et Walikale, les divergences entre communautés ethniques sont loin d’êtres conquises. Sur le terrain, de nombreux témoins affirment, que certains politiciens, sans doute en mal de positionnement, tirent sur les ficelles. C’est une motivation de plus qui a poussée l’autorité provinciale à envoyer le Baraza la Wazee – structure qui regroupe toutes les communautés ethniques de la province pour la paix et la cohabitation pacifique – dans la localité de Kitshanga. Elle a fort à faire dans cette grande agglomération où cohabitent difficilement hunde, hutu, nyanga, tutsi et nande. Foyer des tensions, des durs et meurtriers combats entre loyalistes et APCLS et la milice Hutu Nyatura, (dont la création il y a moins d’une année suscite plusieurs interrogations), Kitshanga a été incendiée à plusieurs reprises, poussant des milliers d’habitants à reprendre la vie à zéro. Alors patron du Cndp, Laurent Nkunda n’a pas pu contrôler cette paisible bourgade, faisant toujours face aux combattants APCLS, très actifs dans la zone.
Inquiétants caches d’armes
Alors que se poursuivent, se multiplient inlassablement les efforts de pacification et réconciliation avec l’appui du gouvernement provincial, d’inquiétantes découvertes des caches d’armes s’érigent en morceau de cheveux dans la soupe de la restauration d’une paix durable au Nord-Kivu. A Kingi à presqu’une dizaine de kilomètre sur la route Sake – Kitshanga en plein parc des Virunga, territoire de Masisi, et l’autre à Tchanzu, l’un des derniers bastions rebelles du M23 dans le Rusthuru non loin de Bunagana. Passer aujourd’hui sous contrôle gouvernementale, le cache de Tchanzu a été découverte par la population qui en a fait directement appel aux casques bleus onusiens déployés dans la région.
Il en a été de même à Kingi. Dans l’un ou l’autre, d’importante quantité des munitions, quelques armes AK47 et des roquettes y ont été découvert. Certes l’origine et les propriétaires restent un mystère, mais il est un secret de polichinelle que les deux localités ont pendant longtemps été occupées par, d’abord le Cndp, ensuite le M23. Kingi surmonte Sake la dernière grande localité avant Goma où se croisent aussi les routes Goma – Masisi et Goma – Bukavu. Alors que Tchanzu aux confins de la RD Congo, du Rwanda et de l’Ouganda demeure stratégique. C’est de là où était partie Bosco Ntaganda (aujourd’hui devant la Cour Pénal International) avec le M23 jusqu’à effrayer Goma il y a plus d’une année.
De quoi, suscite plus des motivations à l’armée régulière pour qu’elle ne baisse pas ses gardes. L’ennemi, n’est s’avoue pas vaincu estiment plusieurs analystes dans la région. Bien qu’il faille l’avouer, le FARDC est devenue une véritable machine de guerre. Et c’est en comptant sur la ferme détermination de Joseph Kabila, le commandant suprême des FARDC, qui a mis en place un ambitieux programme de modernisation de l’armée et des services de sécurité. Cette semaine à Washington le secrétaire d’Etat américain John Kerry, l’a même congratulé quant à ce.