(Le Phare)
Des experts congolais et rwandais sont occupés à revisiter, du 25 au 30 août 2014, un parcours d’une soixantaine de kilomètres, le long de la frontière commune, avec comme point de départ la périphérie de la ville de Goma.
En apprenant que le tracé poserait problème, en raison de l’absence ou du déplacement des bornes dont l’implantation remonte à l’époque coloniale belge, des millions de Congolaises et Congolais cherchent à comprendre ce qui se cache derrière cette opération.
Il paraît anormal que des experts s’improvisent « arbitres » dans un prétendu conflit frontalier créé de toutes pièces par Kigali, alors que le problème était réglé, une bonne fois pour toutes, depuis la Conférence, Internationale de Berlin, en 1885. Le retour de Kinshasa et Kigali à la table des négociations n’est’ rien moins qu’une Conférence de Berlin II, à redéfinir des frontières pourtant réputées intangibles depuis le l9me siècle.
Pour nombre d’observateurs, les autorités congolaises n’auraient pas dû accepter de se laisser embarquer sur un terrain glissant, où le pays risque de laisser sa peau et de se faire délester de plusieurs territoires. Le régime de Kigali, on ne le dira jamais assez, se débat comme un diable dans un bénitier pour étendre son espace vital. Toutes les guerres menées contre ta RDC, à travers des rébellions instrumentalisées, ont toujours eu pour toile de fond la spoliation des terres congolaises et des ressources minières dont elles recèlent.
L’on ne peut que s’étonner de ta facilité, voire la naïveté, avec laquelle Kinshasa s’est précipité à adhérer à la volonté de Kigali d’organiser un nouveau repérage des bornes frontalières et partant d’obtenir leur repositionnement. Kinshasa vient ainsi d’offrir à Kigali l’opportunité de contester, le plus officiellement du monde, la configuration actuelle de la frontière commune, et d’exiger, le cas échéant, des correctifs. Car personne n’ignore la manie des Rwandais de faire volte-face dans les accords qu’ils signent avec les officiels congolais. D’accord aujourd’hui, rien ne garantit qu’ils vont l’être dans les jours et mois à venir.
Ne pas ignorer le Parlement
Les observateurs pensent que pour prévenir toute surprise désagréable dans le dossier, toutes les données que vont recueillir les experts congolais et rwandais au sujet de l’état de la frontière commune devraient être ramenées au Parlement (Sénat et Assemblée Nationale), en vue de leur examen minutieux par les « experts » de ces deux institutions. Cette démarche s’avère très capitale, compte tenu de la malheureuse expérience vécue à Kahemba en 2007, lorsque les décideurs politiques congolais avaient concédé aux Angolais l’appartenance de la portion de terre occupée anarchiquement par l’armée et l’administration de Luanda, alors que [es archives de l’Institut Géographique du Congo indiquaient clairement que les Angolais étaient en territoire congolais.
Cette défaite diplomatique devrait servir de leçon aux- Parlementaires congolais pour exiger, dès la rentrée de septembre prochain, que leur soient communiqués tous les détails de ce qui s’apparente à une Conférence de Berlin Il concoctée par Kigali. La Nation doit être pleinement informée de ce qui se trame derrière le faux prétexte de la révision ou de la correction de la frontière commune, dans une contrée que le pouvoir rwandais a toujours rêvé d’annexer.