(Le Phare)
Expérience originale en RDC, et qui pourrait être exportée dans d’autres pays africains, la Police de proximité, appelée à s’imposer comme un instrument de la matérialisation de la demande de la population congolaise en matière de sa sécurité, a fait son bonhomme de chemin depuis le lancement en octobre 2011, de son processus de mise en œuvre.
Pour sa création, plusieurs partenaires nationaux et internationaux, institutionnels et privés, s’étaient rassemblés au sein du Groupe mixte de réflexion et de réorganisation de la réforme ( GMR 3) pour en déterminer toute l’architecture, le mode de fonctionnement, l’organigramme et définir la philosophie de ses interventions, et surtout sa collaboration avec les populations locales. D’où la mise sur pied d’une structure de conceptualisation et d’élaboration de textes légaux et réglementaires devant régir tout son fonctionnement, le Comité de suivi de la réforme de la police, qui est chapeautée par le général Michel Elesse Yombentole, dont les capacités managériales et les compétences professionnelles ont su fédérer des synergies et encadrer les expertises multisectorielles, aussi bien policières que civiles.
A l’atelier d’information sur la police de proximité, organisé hier jeudi 18 septembre 2014, par trois partenaires, la Mission Eupol RD Congo, le Comité de suivi de la réforme de la police et le Réseau de réforme du secteur de sécurité et justice, au Cercle français de Kinshasa, c’était l’heure du bilan de l’expérimentation de ce mode de fonctionnement de la police dans les provinces-pilotes, Kinshasa, le Bas-Congo, le Sud-Kivu et la province orientale. Mais aussi des congratulations et de remerciement du chef de mission Eupol RD Congo, le commissaire divisionnaire Jean-Paul Rikir, à l’endroit du commissariat général de la Police nationale congolaise, au CSRP et à la société civile congolaise représentée par le RRSSJ, les autorités communales, ainsi que d’autres partenaires tels que la Police civile de la Monusco, Unpol, le Programme SSAPR de la Coopération britannique, et de la presse congolaise.
Le chef de la Mission Eupol a rappelé alors les grandes étapes ayant marqué la création de la Police de proximité dont le premier des objectifs était d’enraciner un changement des mentalités et de comportements au sein de ce mode de fonctionnement de manière à rencontrer les attentes des populations, bénéficiaires des services de cette police.
Il s’est dit convaincu qu’au moment où la Mission Eupol va fermer ses portes en RDC, le 30 septembre prochain, que la Police de proximité trouvera d’autres partenaires pouvant assurer son appui, tel est le cas du Programme SSAPR. Le commissaire divisionnaire Jean-Paul Rikir espère que le commissariat général de la PNC va s’approprier tous les acquis et les pérenniser, afin que cette expérience soit étendue à toutes les autres provinces de la RDC.
Pour terminer, il a remis la plaquette de la Mission Eupol RD Congo au coordonnateur national du RRSSJ, Emmanuel Kabengela wa Kalonji, en guise de remerciement pour le partenariat tissé entre sa mission et la société civile congolaise qui avait abouti à matérialiser l’expérience de la Police de proximité.
A l’ouverture des travaux de cet atelier, Nicolas Berembaum, expert de la société civile à la Mission Eupol a donné le contexte et la justification de cette réunion qui avait pour objectif, de partager des informations sur la réforme de la police en général, et en particulier sur l’expérimentation de la Police de proximité à travers le Commissariat de référence de Kinshasa. Il s’est enfin attardé sur les relations entre sa mission et le RRSSJ et relevé celles entretenues avec les autres partenaires internationaux.
Emmanuel Kabengela wa Kalonji a pour sa part, souligné l’implication de la société civile dans le projet de la réforme de la police, et rappelé à l’occasion, les principales missions de sa structure qui s’intéresse à la réforme du secteur de sécurité et justice, notamment la réforme de la police, des forces armées, de la justice et des services de l’intelligence.
S’il a reconnu quelques progrès notables accomplis dans la réforme de la police, un début de réalisation pour la réforme de l’armée et de la justice, il a noté que rien n’a été fait pour la réforme des services de l’intelligence. C’est ce qui lui a fait dire que cette réforme avance à pas de tortue, alors que la population attend beaucoup de toutes ces réformes dans le cadre de la consolidation de la démocratie.
Clovis Kaddha, expert à la coordination nationale du RRSSJ, a présenté les grandes lignes de l’expérience de la Police de proximité dans la commune de Kinshasa, avant de livrer le rapport général de la participation de la société civile à la mise en œuvre de la Police de proximité, et toute la panoplie des actions de sensibilisation, de monitoring et de plaidoyer menées sur le terrain, et à l’endroit des institutions.
D’autres interventions présentées tour à tour par le commissaire supérieur adjoint Musangu du CSRP, Tapo et le pasteur Madifuta, ont éclairé les participants sur le bilan de la Police de proximité à travers les avantages acquis et les faiblesses relevées, sur les améliorations enregistrées dans le recrutement, la formation et le fonctionnement de la Police de proximité. C’est la question de l’inscription de la loi de programmation de la police dans le budget de l’Etat pour l’exercice 2015 qui a suscité un vif intérêt des participants qui devront se retrouver prochainement pour envisager des stratégies afin de faire passer les dépenses prioritaires liées à la réforme de la police dans la loi budgétaire. Et le pasteur Madifuta a plaidé pour une plus grande implication de la presse dans cette démarche. Chose que la modératrice Mme Anita du CSRP a appuyé invitant ses consœurs et ses confrères à relayer, car la réforme de la police est l’affaire de tous.