RDC: des centaines de FDLR bloqués dans des camps de transit

(RFI)

Trois mois après une nouvelle opération de désarmement volontaire réclamée et annoncée par la rébellion hutu rwandaise, les FDLR, tout est bloqué. Depuis le 9 juin, seuls 185 combattants se sont rendus à la Monusco. Ils refusent d’être rapatriés vers un camp de désarmement en RDC ou encore de rentrer au Rwanda. Aucun nouveau combattant n’est venu se rendre. Résultat : la force de l’ONU se retrouve avec des FDLR et leurs familles bloqués dans des camps de transit.
Une trentaine d’enfants jouent au foot dans la poussière, l’une des rares occupations dans ce camp de transit : une vingtaine de tentes blanches entourées d’un mur et de barbelés. Un peu plus loin, les femmes lavent la vaisselle grâce à un robinet d’eau collectif. Près de 80 ex-combattants FDLR et leur famille vivent dans ce camp qui ressemble plus à un village qu’à un camp de désarmement.
« Notre vie ici dans le camp n’est pas bonne, elle n’est pas souhaitable, témoigne Jeanne qui vit là depuis trois mois. Regardez nos enfants : ils ne vont pas à l’école. Nous vivons à deux familles dans chaque tente. Et il n’y a pas grand-chose à faire. »
Coincés là, car les ex-combattants FDLR et leur famille ont reçu l’ordre de ne pas bouger. Leurs chefs refusent qu’ils se rendent dans un camp plus grand à Kisangani, à 800 km de là. Ils veulent des garanties sécuritaires et un dialogue politique avec Kigali, comme l’explique cette femme combattante, Immaculée Uwamaria : « Nous avons notre hiérarchie à laquelle nous obéissons. Nous sommes entre les mains de la communauté internationale. Moi je suis ici, je ne peux rien, mais l’ONU peut tout, comme imposer à Kagame d’accepter des négociations, pour que nous puissions avoir une place sur la scène politique et rentrer en toute sécurité dans notre pays. »
Mais en face, les Nations unies refusent de jouer les médiateurs. Leur mission : désarmer et rapatrier ces Rwandais dans leur pays, disent-ils. Hadj Bara Dieng, en charge du désarmement dans le Sud Kivu, dénonce un jeu de dupe. Selon lui, sur les 85 combattants, seuls dix ont des profils vraiment sérieux, sachant qu’un aveugle et un manchot figuraient officiellement parmi eux. Il est pessimiste sur l’issue de ce processus : « Jusqu’ici, nous sommes à plus d’un million de dollars que la Monusco a dépensé pour ce processus. Le reste, c’est des décisions politiques sur lesquels la Monusco n’est pas engagée. Je peux dire que c’est une impasse actuellement. »
Impasse ou dialogue de sourds. Désormais, les rebelles hutus rwandais demandent à la Communauté des Etats d’Afrique australe de forcer Kigali au dialogue. Pendant ce temps, les 200 femmes et enfants des FDLR patientent dans un camp de transit, entièrement à la charge de la communauté internationale.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe