La Fondation Bill Clinton déplore les conditions de détention en RDC

(Le Potentiel)

 

La Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) déplore les conditions précaires de détention dans les prisons de la RD Congo, les violations massives des droits de l’Homme et la politisation de la loi d’amnistie telle que définie par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.

« Malgré les états généraux de la justice en RDC, tenus du 27 avril au 2 Mai 2015 sur l’amélioration de la justice et des services pénitentiaires, la justice de la RDC souffre de la non-application de la plupart des résolutions issues de ces assises. Le vrai problème de la majorité des justices des pays africains est la dépendance de celles-ci des pouvoirs exécutifs », a relevé Emmanuel Cole, président de la FBCP, dans son nouveau rapport publié le 1er juin 2015, le 6ème de la série sur les conditions de détention des prisonniers, voire ceux en détention préventive en RDC.

La FBCP fait remarquer que les prisons de la RDC en particulier et de l’Afrique en général comptent une surpopulation carcérale gardée dans des conditions très précaires.

« Si la technicité et l’ordre instaurés actuellement à la Prison centrale de Makala (PCM) règnent, c’est à cause de plusieurs rapports des ONGDH sur les tracasseries subies par les visiteurs tout au long du règne du célèbre ancien directeur Dieudonné Kitungwa », indique-t-elle.

A en croire la fondation, « alors que la population carcérale s’accroit en moyenne de 50%, l’Etat congolais ne dispose pas de moyens financiers et matériels conséquents pour nourrir les prisonniers et leur assurer les soins médicaux adéquats ».

« Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, dans toutes les prisons de la RDC, on assisterait à des mêmes scènes désolantes. Pour illustrer notre propos, la PCM qui était construite par le pouvoir colonial belge à l’époque pour une capacité d’accueil de 1 500 personnes, compte aujourd’hui une population carcérale évaluée à 6 678 individus dont 1 673 condamnés et 4 697 prévenus. La juridiction civile compte 6367 et la juridiction militaire en compte 308 dont 203 condamnés et 105 prévenus ; 155 femmes incarcérées dont 152 civiles et 3 militaires dont une condamnée et deux prévenues », relève cette organisation.

Des mineurs à Makala

Selon le rapport, « 314 mineurs dont 304 garçons et 10 filles sont logés au pavillon 9 de la PCM. Les mineurs croupissent en prison sans être jugés, bien que l’Etat congolais ait mis en place une juridiction spéciale pour les mineurs ».

« Au pavillon 9, on trouve 8 mères avec leurs enfants âgés de moins de 10 mois, détenues dans des conditions infrahumaines (sans lits, sans matelas, sans nourriture, sans sanitaire). La plupart des femmes détenues sont emprisonnées pour des faits mineurs tels que coups et blessures, injures publiques, abus de confiance et les dettes », signale-t-elle.

Elle ajoute que « les mineurs ne bénéficient d’aucune formation professionnelle tout au long de leur détention en vue de leur future intégration dans la société une fois libérés ».

Le 30 avril 2015, la FBCP a visité 32 hommes dans la juridiction civile et 2 femmes gravement malades hospitalisées au dispensaire de la PCM. « Pis encore, note cette organisation, dans la nuit du 12 au 13 mai 2015, certains prisonniers militaires et civils condamnés au nombre de 210, ont été transférés à la prison d’Angenga dans la province de l’Equateur où ils sont abandonnés à leur triste sort, sans contact avec leurs familles ».

Par ailleurs, 33 prisonniers bénéficiaires de la Loi d’amnistie libérés à la Prison centrale de Makala ont été conduits à la Prison militaire de N’dolo pour une nouvelle incarcération, le 30 avril 2015. C’est le dimanche 31 mai 2015 qu’ils ont été transférés à la base militaire de Kitona.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe