(Mediacongo.net)
Le procès des personnes arrêtées au Nord de l’ex-province du Katanga, présumés auteurs de graves crimes perpétrés au cours du conflit communautaire entre pygmées et luba, s’ouvre, ce mardi 25 août à la Cour d’appel de Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga.
Sauf changement de dernières minutes, 35 personnes sont attendues aujourd’hui à la barre. Elles sont poursuivies pour crimes contre l’humanité et génocide survenus en 2014, consécutifs au conflit opposant les communautés pygmées et luba, au Nord de l’ex province du Katanga.
Le greffier à la Cour d’appel de Lubumbashi, John Kasongo a annoncé la semaine dernière l’ouverture de ce procès, sans toutefois aller dans le détail. « Nous ne pouvons pas vous dire à cette étape de l’instruction du dossier le nombre de Pygmées et celui de Bantous », a-t-il déclaré à l’Agence France presse (AFP).
Dans la législation congolaise, les crimes contre l’humanité et génocide relèvent de la compétence des cours d’appel, comme le prévoit le statut de Rome, le texte fondateur de la Cour pénale internationale (CPI) dont l’Etat congolais est signataire.
En principe, les crimes contre l’humanité et crimes de génocide sont passibles de la peine de mort, mais cette sentence n’est plus appliquée dans le pays en vertu d’un moratoire en vigueur. De ce fait, elle est commuée en prison à vie.
Pour rappel, les 35 prévenus ont été appréhendés dans le Nord de l’ex-province du Katanga au cours de plusieurs vagues d’arrestations, dont la première s’est déroulée en juillet 2014. Accusées des crimes graves, ces personnes ont été transférées à Lubumbashi, chef-lieu de l’actuelle province du Haut-Katanga, où elles ont été détenues en attendant d’être traduites en justice.
A quelques jours de l’ouverture dudit procès, le président de la communauté pygmée à Lubumbashi, Benjamin Mulezi wa Banze, avait des présomptions d’une justice défavorable pour sa communauté. Il redoute un procès inéquitable, arguant que les juges seront bantous et qu’il n’y avait pour l’heure pas de garantie que des interprètes soient disponibles.
Des arguments loin de convaincre des personnes éprises de paix et de justice. Qui estiment d’ailleurs les craintes de Benjamin Mulezi Wa Banze infondées, d’autant plus que les deux communautés aujourd’hui en conflit, ont jusqu’il y a peu, toujours cohabité et vécu plus ou moins en parfaite harmonie. Plusieurs membres de deux communautés comprennent et parlent la langue de l’un ou de l’autre.
Le conflit qui continue d’empoisonner les relations entre les communautés pygmée et luba au Nord de l’ex province du Katanga, est à la base d’un important mouvement des populations, fuyant leurs villages d’origine à cause de violences aveugles liées à cette crise.
Cette crise qui perdure dans le Nord de l’ex province du Katanga, remonte à 2013, quand des affrontements ont éclaté entre des combattants bantous de l’ethnie luba et ceux pygmées du sous-groupe batwa. La situation s’est aggravée, il y a eu bain de sang, des pillages ou des incendies de villages entiers et des déplacements de populations.
Bonne nouvelle, constate-t-on, depuis quelques temps, la situation est revenue plus ou moins à la normale, même si elle reste précaire. Selon des sources humanitaires, environ 80 % des personnes qui s’étaient déplacées suite à des attaques ayant récemment opposé des milices bantous et pygmées dans le territoire de Nyunzu et dans la zone environnante sont retournées dans leur village.
Pas plus tard qu’au mois de juillet dernier, une mission effectuée dans le territoire de Nyunzu, a effectivement constaté que plus de 15.000 personnes étaient rentrées dans leurs villages d’origine. Espérons que le procès qui s’ouvre ce mardi 25 août, contribuera à ramener une paix durable dans cette partie du pays, mais également à réconcilier les deux communautés appelées à vivre dans l’harmonie comme autrefois.