(RFI)
En République démocratique du Congo, l’un des principaux opposants, le député Martin Fayulu, a été arrêté en début d’après-midi au siège de son parti, Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECiDé) à Kinshasa. Il a fini par être libéré dans la soirée et reconduit à son domicile.
« Je sors du bureau et je vois cinq militaires armés, ils viennent avec deux agents de la sécurité, ils disent ‘monsieur nous sommes venus ici parce qu’on nous a dit qu’il y a des troubles ici’, je dis mais vous avez vu des troubles ? Il n’y a pas de troubles (…) Ils ont commencé à me tabasser, ils m’ont blessé, regardez le sang… Ils m’ont insulté proprement » Martin Fayulu raconte son arrestation
C’est sous escorte militaire que le député d’opposition a été reconduit à son domicile, après avoir été détenu plusieurs heures, malgré son immunité parlementaire. Martin Fayulu était au siège de son parti pour préparer une campagne de sensibilisation sur la journée de protestation de mardi, quand il a été arrêté, dans des circonstances violentes qu’il a racontées à RFI.
Conduit dans les locaux des renseignements militaires, Martin Fayulu a finalement été rejoint par son avocat. Sa libération, annoncée vers 20h30 par le porte-parole du gouvernement, n’a eu lieu qu’une heure plus tard.
Selon Lambert Mendé, Martin Fayulu avait été arrêté pour incitation aux troubles à l’ordre public. « Une fois identifié en tant que député par un magistrat, il a été relâché » a expliqué le ministre de la Communication, qui précise qu’« un dossier a été ouvert, on verra les suites que l’Assemblée nationale donnera à l’affaire puisqu’il faut toujours que la justice ait l’autorisation de l’Assemblée pour poursuivre un député ».
Le chef du bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme estime qu’« arrêter un leader de l’opposition est un pas supplémentaire très sérieux qui confirme que l’espace politique continue de se réduire et qu’il y a de plus en plus de restrictions des droits et libertés en RDC ».
Une inquiétude partagée par l’ONG Human Rights Watch. Pour Ida Sawyer, responsable de HRW pour la RDC, cette arrestation est un signe très inquiétant : « C’est le dernier cas de répression à l’encontre des opposants et des activistes de la société civile qui appellent au respect des délais constitutionnels dans le cadre de l’organisation des élections », explique-t-elle ajoutant que c’était un cas parmi plusieurs autres documentés par son organisation.
Pour rappel, plusieurs plateformes de l’opposition et de la société civile accusent le gouvernement et la commission électorale de chercher à imposer le glissement du calendrier électoral pour permettre à Joseph Kabila qui termine son deuxième et dernier mandat constitutionnel de rester au pouvoir.