(Tempête des tropiques)
L’ancien mouvement rebelle dénommé “Mouvement du 23 Mars “, connu sous le nom du M23, vient de se transformer en parti politique. Le vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur et de la sécurité, Evariste Boshab, a signé un arrêté ministériel reconnaissant l’ancienne rébellion pro-rwandaise en parti politique sous l’appellation “Alliance pour le salut du Peuple “(ASP). Au regard des déclarations faites par certains ténors de l’ex-mouvement rebelle, il y a lieu de signaler que les anciens dissidents parlent comme si leur parti nouvellement agréé est de [a Majorité Présidentielle (MP) surtout qu’ils soutiennent une transition de trois ans, avec Joseph Kabila à la tête du pays.
Dernier né des partis politiques en RDC, l’ASP est constitué d’anciens cadres du M23, dont certains sont issus du Congrès National pour la Défense du peuple (CNDP), du Chairman Laurent Nkunda Mihigo dont Kitchanga, dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, était le bastion.
“Le vocable M23 doit disparaître. Nous sommes l’interlocuteur civil du gouvernement rd-congolais dans les discussions sur l’accord-cadre d’Addis-Abeba”, a déclaré Moïse Tshokwe, membre fondateur de l’ASP. “Le gouvernement sera maintenant en face d’un interlocuteur civil dans toutes les négociations”, a-t-il poursuivi.
“Notre parti politique reste toujours dans fa logique d’une transition avec le président Kabila car on ne doit pas ignorer qu’il a toujours eu une majorité en RDC et sa présence est inévitable dans la transition de trois ans pour l’organisation des élections apaisées”, a déclaré pour sa part Jean-Marie Runiga, autorité morale de l’ASP, Le M23 est un groupe créé à la suite de la guerre de 2012 et 2013 dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. Il est composé d’ex-rebelles du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) réintégrés dans l’armée nationale à la suite d’un accord de paix signé le 23 mars 2009 avec le gouvernement de Kinshasa. Le nom M23 provient de la date de la signature des accords du 23 mars. Ses membres se sont ensuite mutinés en avril2012, considérant que le gouvernement n’a pas respecté les modalités des accords.
Ces Accords prévoyaient, entre autres, l’intégration dans l’Armée et la Police des Officiers militaires du CNDP, sans oublier l’intégration des cadres politiques de ce mouvement rebelle dans les institutions politiques et es entreprises publiques. Le groupe rebelle qui contrôlait une partie de la province du Nord-Kivu avait en novembre 2013 annoncé qu’il mettait fin à la guerre contre le gouvernement après une raclée de la part des Forces Armées de la RDC et de la brigade d’intervention de la mission des Nations unies en RDC.
Constitué d’anciens du RCD
Les activités du CNDP étaient mises en berne après l’arrestation de son chef militaire qui serait en détention dans une prison au pays des mille collines. Ce mouvement rebelle était composé en majorité des personnalités Tutsi appartenant à l’ancienne rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie(RCD) comme Laurent Nkunda Mihigo, Benjamin Bonimpa, Kambasu Ngeve, … Certaines personnes comme Sylvie Kalala Mushiya, ancienne journaliste bien connue à Goma, avaient rejoint le CNDP à Kitchanga.
Accusé par le Groupe d’experts des Nations Unies d’avoir commis de graves violations des droits de l’homme et du Droit international Humanitaire, comme avec le CNDP, tes anciens du M23 veulent profiter d’une certaine naïveté pour se muer en parti politique, oubliant tous les crimes commis.
Avant sa mise en déroute par les FARDC avec l’appui de la Brigade d’intervention de la MONUSCO, le M23 avait connu un schisme avec deux ailes, celle de Pasteur Runiga, proche de Bosco Ntaganda et la branche fidèle à Sulutani Makenga dont Bertrand Bisimwa était le leader politique jusqu’à la signature du Communiqué de Nairobi avec Kinshasa.
Lors de la dernière réunion tenue le 27 mai dernier à Kinshasa entre le gouvernement et l’ex-mouvement rebelle sous les auspices des Nations unies, de l’Union Africaine, de la Conférence Internationale sur la Région des Grands-Lacs (CIRGL) et de la Communauté de Développement des Pays de l’Afrique Australe (SADC), il s’est fait remarquer que l’aille d.ure de la rébellion était absente. Ce qui fait craindre certains observateurs de la vie politique congolaise qui redoutent de voir surgir l’aile dure du M23 basée à Kampala avec Bertrand Bisimwa, Vianney Kazarama, Sulutani Makenga, Amani Kabasha, Benjamin Bonimpa… pour mettre en doute l’ASP.
Kampala non concerné
Bertrand Bisimwa, président du M23, a indiqué dans un document que “la direction du groupe rebelle n’a entrepris à ce jour aucune procédure administrative dont la finalité serait la transformation de l’organisation en parti politique”. “Il est toutefois légitime, pour tout membre en cessation ou non avec les activités du Mouvement et pour des raisons qui lui sont propres, de créer ou d’adhérer à une organisation politique autre que le M23 sans que sa décision ait une quelconque incidence sur le Mouvement du 23 mars, ses structures, ses activités, moins encore sa philosophie politique”, précise Bertrand Bisimwa.
Le communiqué du M23 dément une démarche dans ce sens de transformation de l’ex mouvement rebelle en parti politique, mais précise que le groupe rebelle reste cependant attaché au processus de paix issu de sa décision de fin de guerre du 5 novembre 2013 ainsi que de sa déclaration signée à Nairobi le 12 décembre 2013.
“Le Gouvernement Congolais et notre Mouvement avons décidé de relancer ce processus de paix dont la finalisation facilitera la transformation du Mouvement en une organisation de droit congolais après décision du Congrès en sa session extraordinaire qui sera organisée conformément aux instrumentes politiques et juridiques du Mouvement”, soutient le document.
Deux factions du M23 existent
Lors d’une guerre sans merci ayant éclaté entre les deux factions du M23, plusieurs proches de Runiga avaient fui pour se réfugier au Rwanda. Après le pilonnage des bastions du M23 par les FARDC, plusieurs cadres politiques et chefs militaires de ce mouvement rebelle avaient traversé la frontière pour se refugier en Ouganda où certains ont construits des villas dans la commune de Munyonyo, à Kampala, avec le butin de guerre amassé durant leur rébellion.
Avec la création du G7, l’opinion a vu comment les partis politiques qui ont quitté la Majorité malmener sur le plan administratif par le gouvernement à travers le ministère dé l’Intérieur avec le dédoublement. Le cas du MSR, Arc, ACO … en dit long où il .y a l’existence de deux partis, l’un de la MP et l’autre du G7. Mais le M23 est vite transformé en parti politique ASP et le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité n’a pas hésité de signer l’arrêté.