(Le Phare)
Les « Grands » de la planète, particulièrement les Etats-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne et la France ont lancé des messages forts en direction des autorités de Kinshasa, lors de la réunion du mardi 11 juillet 2017 au Conseil de Sécurité, au sujet de la crise
politique et sécuritaire congolaise. A la suite des représentants américains et français, qui ont exigé la tenue impérative de la présidentielle avant la fin de l’année en cours, la cessation immédiate des violences au Grand Kasaï et rouvert le dossier de la mise en place d’une commission d’enquête internationale, l’ambassadeur de la Grande-Bretagne aux Nations Unies a, lui aussi, donné de la voix.
Après avoir suivi religieusement le rapport du Secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, dont l’essentiel s’est articulé autour de la persistance des violences au Kasaï, avec en ligne de mire les forces de l’ordre, le représentant britannique a martelé que le gouvernement de Kinshasa devrait mettre fin aux violences dans les plus brefs délais. En effet, les données collectées la semaine dernière par une équipe mixte comprenant des experts du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme et des magistrats militaires congolais
dans les localités de Sumbula et Diboko, dans le territoire de Kamonia, avec la découverte de 38 nouvelles fosses communes, portant le nombre de celles-ci à 80, ont terriblement révolté la communauté internationale.
Ces nouveaux charniers ne sont perçus autrement que comme des indices d’un génocide qui ne dit pas encore son nom au centre de la République Démocratique du Congo. Quant à la mise en cause des forces gouvernementales de l’armée et de la police dans les différents rapports d’enquêtes préliminaires d’experts onusiens, elle fait penser à l’existence d’un plan préétabli, du côté de Kinshasa, pour rendre plusieurs parties du territoire national « ingouvernables » et justifier un nouveau report des élections pour des raisons sécuritaires. Aussi les Occidentaux, dans leurs appels à la cessation immédiate des
violences au Kasaï et à l’ouverture d’une enquête internationale sur les auteurs des crimes, s’adressent directement au gouvernement congolais, qu’ils estiment avoir aussi une large part de responsabilité dans les violations graves des droits de l’homme qui persistent au centre de la RDCongo. En interpellant directement et publiquement le régime de Kinshasa à
partir d’une tribune aussi sensible que celle du Conseil de Sécurité à New York, la communauté internationale envoie en direction de Kinshasa un énième message qui a tout l’air de faire partie du lot des dernières mises en garde avant de nouvelles sanctions ciblées et peut-être la mise en œuvre d’un plan de sortie de crise qui risque d’échapper autant à ceux qui cherchent à conserver le pouvoir qu’à ceux qui se battent pour sa conquête. On retient, pour l’essentiel que dans tous les cas de figure, les
maitres du monde privilégient jusque-là une alternance au sommet de l’Etat congolais qui devrait passer par les urnes. Et, dans leurs calculs, le changement de gouvernance devrait absolument intervenir cette année. Autrement dit, que la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), plus que jamais perçue comme la caisse de résonnance du pouvoir en place, a beau évoquer les contraintes sécuritaires, techniques, financières et autres pour tenter de justifier un énième report des élections, on n’y croit pas à Washington, Londres, Paris, Bruxelles et ailleurs. D’où, les pyromanes qui s’activent dans les coulisses pour bloquer l’Accord de la Saint Sylvestre et consolider le « glissement » déjà en cours, ont intérêt à
bien réfléchir sur leurs faits et propos pour ne pas être désagréablement surpris par les événements.