(7SUR7.CD)
Un autre renseignant a été entendu ce mercredi 3 novembre 2021 par la Haute Cour militaire siégeant en matière répressive en appel sur le double assassinat des activistes des droits humains Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.
Il s’agit de Bokungu, l’un des éléments de la police militaire en détachement au poste de Mitendi. Il a été cité par Katebere, commandant chef dudit poste, lors de son audition à la dernière audience.
Dans sa déposition, le renseignant Bokungu a allégué une version des faits qui contredit sur toute la ligne celle de Katebere.
« Katebere a toujours soutenu qu’il n’était pas au poste la journée du 1er au 2 juin 2010. Il avait dit qu’il était rentré à la maison étant donné que son enfant était malade. Bokungu a contredit totalement Katebere. Il a dit que ce jour-là, ils étaient tous au poste. Katebere n’était pas rentré chez lui. Il était avec toute l’équipe mais il s’était soustrait à un moment du poste pour ne réapparaître qu’à 5 heures du matin. Après sa réapparition, ils ont eu de nouvelles qu’il y a un corps abandonné sur la chaussée non loin de leur poste vers le cimetière. Alors, ils s’étaient décidé de s’y rendre pour voir ce qu’il en était exactement. Ils étaient tous ensemble. Une version des faits niée par Katebere la fois passée. Lors de la confrontation avec Bokungu, Katebere a voulu soutenir ses mêmes déclarations mais Bokungu lui a rappelé toutes les circonstances. Il était confondu », a expliqué à 7SUR7.CD Me Élie Mbikayi, coordonnateur adjoint des avocats des parties civiles.
À en croire Me Mbikayi, le témoignage de Bokungu a apporté des éléments nouveaux confirmant que l’officier Banza Kilolo qui serait le creuseur du trou où fût inhumé Bazana dans l’une des parcelles du général Djadjidja, faisait partie de leur équipe affectée au poste de Mitendi.
« Bokungu a affirmé qu’ils avaient dans leur équipe l’élément Banza Kilolo qui était logé dans l’une des parcelles du général Djadjidja. Djadjidja a fini par reconnaître la présence de Banza Kilolo dans le bataillon PM alors qu’il avait nié auparavant. Il a aussi reconnu que Banza Kilolo habitait dans l’une de ses parcelles qui était non loin du poste de Mitendi », a-t-il renchéri.
Il a déclaré que les révélations de Bokungu démontrent à suffisance que Katebere a commis un parjure à l’égard de la Haute Cour. Face à cet état de choses, le ministère public a sollicité qu’il soit poursuivi pour faux témoignage.
« Le ministère public après avoir constaté avec les parties civiles et la Haute Cour que Katebere a menti sur toute la ligne, le ministère public a demandé à ce que les parties prennent acte de ses mensonges et que la Haute Cour en tire les conséquences. La conséquence est qu’un dossier sera préparé par le greffier avec le ministère public et sera présenté au juge naturel du renseignant pour qu’il soit jugé pour faux témoignage conformément à l’article 130 du Code pénal », a souligné Me Mbikayi.
L’audience de ce mercredi a été marquée par le refus du général Djadjidja de répondre aux questions de la Haute Cour. Sur conseil de son avocat, cet officier de l’armée a soumis un mémoire à la Haute Cour estimant qu’il ne peut être auditionné en qualité de renseignant dans la mesure où il est aussi prévenu dans le cadre de cette même affaire.
Face à la menace de sa condamnation pour refus de témoignage brandie par la Haute Cour, le général Djadjidja a fini par accepter son interrogatoire. Après l’audition des renseignants qui ont comparu en ce jour, la Haute Cour a donné son quitus pour la descente sur terrain à Mitendi à l’audience fixée le mercredi prochain pour avoir plus de lumière sur les déclarations des uns et des autres.