RDC : des journées villes mortes à Lubero, Butembo et Oicha pour exiger la fin de l’état de siège

( ACTUALITES.CD)

Les activités sont paralysées à Kirumba (Lubero), à Butembo et à Oicha (Beni) depuis le matin de ce lundi 25 avril 2022. A l’appel du groupe de pression « Véranda Mutsanga », les habitants observent une journée ville morte pour exiger la levée de l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri, une mesure qui n’a pas, d’après les habitants, aidé à contrer les tueries des civils dans ces instables provinces de l’est du Congo.

En ville de Butembo, boutiques et magasins restent fermés depuis le matin au centre-ville.  Il en est de même pour les banques et écoles. Mais des stations-service servent du carburant à quelques habitants qui se présentent. Dans les périphéries de la ville, des heurts entre jeunes manifestants et des éléments de la police ont été signalés à Furu, Mutsanga, Malera et Nziapanda, des quartiers chauds de la ville. Ce qui explique des coups de feu entendus dans ces coins dans l’avant-midi. Au siège de la Véranda Mutsanga, des témoins rapportent à ACTUALITE.CD l’arrestation d’une dizaine de jeunes, « embarqués dans une jeep de la police ».  Vers Mususa-Kyambogho, des barricades ont été jetées sur l’artère principale bloquant le trafic entre Butembo et Goma.

A Kirumba, commune rurale située à plus de 150 km au sud de Butembo, des jeunes membres de la section locale de la Véranda Mutsanga sont sortis dans les rues. Ils ont jeté des barricades et marché de Kirumba à Kayna pour décrier l’état de siège. Ce qui a obligé nombreux commerçants à garder leurs boutiques fermées à Kirumba, Kayna et Kanyabayonga, à la limite entre les territoires de Lubero et Rutshuru, indique à ACTUALITE.CD un journaliste de Kirumba

En ville de Beni, le reporter d’ACTUALITE.CD constate que l’appel à manifestation n’a pas été respecté. Les activités tournent normalement dans plusieurs quartiers, y compris Matonge, Tamende et Kalinda, des quartiers chauds de la ville. Cependant, des policiers sont déployés dans des coins stratégiques de la ville pour parer à toute éventualité.

Mais en territoire de Beni, les activités ont été paralysées à Oicha où des massacres de près d’une dizaine de civils ont été enregistrés à Kithevya, un village périphérique. Des jeunes ont manifesté dans les quartiers Pakanza et Masosi, obligeant les écoles à renvoyer à la maison écoliers et enseignants. Un journaliste d’Oicha rapporte à ACTUALITE.CD des arrestations dans le rang des jeunes manifestants, mais la police ne s’est pas encore prononcée. 

A la mi-journée, un calme apparent régnait dans la commune rurale, mais les activités peinent à reprendre.

Pour Issa Balume de la Véranda Mutsanga, les autorités congolaises doivent comprendre cette expression des habitants qui ne veulent plus de l’état de siège.

« L’état de siège est une mesure inefficace. Depuis son instauration, les massacres des civils ne font qu’augmenter. Dans notre rapport, nous avons documenté plus de 5 000 morts, des civils tués depuis l’instauration de l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri voisin. En observant ces journées villes mortes, nous voulons dire aux gouvernants qu’il n’y a pas de raison de maintenir l’état de siège. Nous voulons également soutenir nos députés nationaux du Nord-Kivu et de l’Ituri qui ont décidé de boycotter les plénières dédiées à l’adoption de prolongation de l’état de siège mais n’ont bénéficié d’aucune solidarité de la part des députés d’autres provinces du pays. Nous disons à la nation que la décision des députés du Nord-Kivu et de l’Ituri est l’expression populaire. Les autorités ne doivent pas diriger contre la volonté du peuple, car c’est aller en guerre contre la démocratie », a déclaré à ACTUALITE.CD Issa Balume de la Veranda Mutsanga. 

Malgré l’opposition des élus de l’Ituri et Nord-Kivu, le gouvernement congolais a adopté à nouveau le vendredi 22 avril le projet de loi portant prorogation de l’état de siège. Cette nouvelle prolongation de 15 jours, entrera en vigueur à partir du 5 mai 2022. Proclamé le 3 mai 2021 et entré en vigueur le 06 mai de la même année, l’état de siège va totaliser une année jour pour jour au mois de mai prochain. Cette mesure d’exception a décidé du remplacement des autorités civiles par les militaires pour, d’après le chef de l’Etat, aider à venir à bout de l’insécurité au Nord-Kivu et en Ituri. 

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