Suite aux affrontements actuels au Soudan du Sud, les FARDC en état d’alerte maximum en Province Orientale

 

[L’OBSERVATEUR]

Face à la situation de guerre au Soudan du Sud, les Forces armées de la RDC (FARDC) ont été mises en état d’alerte maximum qui prévaut en Province Orientale. Selon des sources proches de la 9ème région militaire, des unités d’infanterie légère basées au Camp base, à environ 20 kilomètres  de Kisangani sont en état d’alerte maximum prêtes à intervenir en cas débordement des violences en territoire congolais.  Les autorités de la province Orientale craignent également un afflux massif des réfugiés sud soudanais dans la Province Orientale. Avec des conséquences négatives liées à l’arrivée de milliers de réfugiés dans la partie septentrionale de la RDC actuellement en pleine phase de   reconstruction économique 

 

Le Soudan du sud partage une frontière commune d’environ 1.000 kilomètres avec la RDC.   Depuis dimanche 15 décembre 2013, des violents combats se déroulent au Soudan du Sud plus précisément à Juba capitale de ce pays voisin. 

Ces  combats auraient fait, selon des sources diplomatiques, entre 400 et 500 morts à Juba. En outre,  près de 15.000 habitants de la capitale sud-soudanaise ont trouvé refuge auprès de l’ONU, qui redoute des violences ethniques au lendemain de l’annonce d’un coup d’Etat manqué.

 » Entre 400 et 500 cadavres auraient été transportés dans des hôpitaux de Juba à la suite des combats opposant des factions rivales de l’armée « ,  affirmé  un responsable de l’ONU.

Des accords

La Province Orientale de la RDC et les provinces Central et West Equatorial state du Soudan du Sud ont signé un accord de coopération régionale dimanche 23 juin. Cet accord dit de Kisangani vise notamment à garantir la sécurité dans la sous région. Il a été signé par les gouverneurs de ces provinces au terme d’une rencontre tripartite ayant réuni du 21 au 23 juin 2013 les délégations de ces trois provinces à Kisangani.

A travers cet accord, les trois parties s’engagent aussi à travailler pour l’émergence et le développement intégré de ces provinces frontalières grâce à la promotion de la coopération économique, commerciale, culturelle et technique.

Les différentes parties se sont également convenues d’encourager la collaboration entre les services de l’ordre et de la sécurité dans la sous-région, mais aussi de renforcer la solidarité et les liens de fraternité entre leurs communautés respectives.

Les trois provinces se sont aussi mis d’accord pour que cet accord soit être appliqué dans tous les domaines de la vie, notamment l’échange d’information en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière.

Le Rubicon franchi

Le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous a précisé mardi dernier devant le Conseil de sécurité que 800 autres personnes avaient été blessées dans ces affrontements entre les forces fidèles au président sud-soudanais Salva Kiir et celles d’un de ses opposants ancien vice-président, selon des diplomates qui étaient présents lors de la réunion.

M. Ladsous a précisé que ces informations se fondaient sur les données envoyées par les hôpitaux de Juba mais que les Nations unies n’étaient pas encore en mesure de confirmer ces chiffres, alors que de nouvelles violences ont éclaté mardi.

Des tirs et des détonations, qui avaient repris dans la nuit de lundi à mardi malgré le couvre-feu, ont été entendus par intermittence jusqu’à environ 11H30 GMT le mardi 17 décembre 2013 dans divers quartiers de la ville où la population se terrait.

Selon l’Agence France Presse (AFP), le mardi soir, près de trois heures après le début du couvre-feu, on entendait encore des détonations sporadiques d’armes légères, semblant démentir les affirmations du ministre du Soudan du Sud selon lesquelles les autorités avaient « le contrôle total » de la situation.

Le gouvernement a annoncé mardi l’arrestation de dix personnalités politiques « en rapport avec le coup d’Etat déjoué » dimanche, que le président Salva Kiir a accusé son rival politique, l’ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet, d’avoir fomenté avec des soldats qui lui sont demeurés loyaux.

Sur les dix personnes arrêtées figurent huit anciens ministres du gouvernement limogé en juillet, dont plusieurs personnalités sud-soudanaises, mais pas M. Machar, qui selon le gouvernement est « en fuite » et recherché, ainsi que quatre autres importantes figures politiques sud-soudanaises.

 » Le sort exact de M. Machar, personnalité controversée pour s’être un temps allié à Khartoum durant la guerre civile, reste inconnu, ni lui ni ses proches n’étant joignables depuis dimanche soir. », a-t-il expliqué. M. Makuei a démenti que l’armée ait détruit ou bombardé la maison de l’ex-vice-président.

 

Plus de 25.000 réfugiés

 ont déclaré les autorités sud soudanais, annonçant la prochaine réouverture de l’aéroport et appelant habitants et commerçants à reprendre dès mercredi une activité normale. La population reste terré chez elle et les magasins fermés depuis dimanche soir.

Selon M. Ladsous, près de 15.000 personnes se sont réfugiées sur les bases de l’ONU tout autour de Juba depuis que les combats ont démarré dimanche soir. La Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) avait auparavant évoqué le chiffre de 10.000 civils réfugiés dans les deux bases de l’ONU à Juba. Washington a annoncé l’évacuation de ses diplomates non essentiels.

Certains observateurs redoutent désormais que les affrontements se muent en tueries entre les communautés Dinka du président Kiir et Nuer de M. Machar, qu’opposent des ressentiments remontant à la guerre civile. Des sources humanitaires ont fait état de violences de militaires ciblant d’ores et déjà la communauté Nuer à Juba.

« Il est crucial que la violence actuelle ne prenne pas des dimensions ethniques », a averti mardi la Minuss, exhortant « citoyens et dirigeants à se garder de tout acte incendiaire ou violence contre des communautés en particulier ».

Des observateurs ont émis mardi des doutes sur la réalité de la tentative de coup d’Etat alléguée par le président Kiir, y voyant un possible prétexte pour se débarrasser de M. Machar, rival de longue date qui avait ouvertement fait part de son intention de se présenter contre le chef de l’Etat à la présidentielle de 2015.

En juillet, le président Kiir avait limogé M. Machar et l’ensemble du gouvernement, sur fond d’inimitié entre les deux hommes et de dissensions au sein du régime, issu de l’ex-rébellion sudiste. Celle-ci est au pouvoir depuis un accord de paix avec Khartoum en 2005, qui a mis fin à des décennies de guerre civile et débouché sur l’indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.

« Nous continuons d’assembler les différents éléments et morceaux d’information, il est donc un peu prématuré de dire exactement ce qui a déclenché les violences », a déclaré mardi matin à la BBC l’envoyé spécial des Etats-Unis au Soudan et au Soudan du Sud, Donald Booth.

Selon des sources concordantes, Riek Machar et ses partisans ont claqué la porte samedi d’une réunion de l’exécutif du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), profondément divisé depuis plusieurs mois.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe

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