Que représentent aujourd’hui les pourparlers de Kampala pour la branche du M23 dirigée par Jean-Marie Runiga ?

[Jeune Afrique]

 

Séraphin Mirindi : Pour nous, les discussions de Kampala restent la seule voie pour aboutir à une issue pacifique dans la crise au Kivu. Après la défection de Sultani Makenga, le président de notre mouvement, Jean-Marie Runiga, a d’ailleurs confirmé sa confiance à François Rucogoza, secrétaire général du M23, pour qu’il continue à conduire la délégation de la rébellion à ces pourparlers. Malheureusement, Kinshasa envisage plutôt de conclure une alliance avec Sultani Makenga pour torpiller les négociations de Kampala. C’est un mariage de dupes qui risque d’aggraver la situation sur le terrain.

 

On nous a appris que le chef d’état-major des forces terrestres de l’armée congolaise, le général François Olenga, s’apprête à implanter la base de ses opérations dans la ville de Goma, en prévision d’une attaque sur nos positions – l’ensemble du territoire de Nyirangongo et une partie de Rutshuru -, en coalition avec les rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), des milices Maï-maï et des hommes de Sultani Makenga. Ils seront donc tenus pour responsables de toute détérioration de la situation sécuritaire dans le Kivu.

 

Votre branche armée est considérée comme proche du général Bosco Ntanganda qui est recherché par la Cour pénale internationale (CPI). N’est-ce pas un handicap majeur à la fois sur le terrain militaire et sur la table des négociations ?

 

C’est une contre-vérité de vouloir nous associer avec ce général. Nous savons tous que Ntaganda a été utilisé en 2009 par Kinshasa, la région des Grands lacs et la communauté internationale pour mettre fin à la rébellion de Laurent Nkunda. À l’époque, tout le monde l’applaudissait et le considérait comme un partenaire de la paix. Joseph Kabila avait même refusé ouvertement de l’arrêter et de le remettre à la CPI. Nous ne sommes donc pas avec Bosco Ntaganda. Il faut chercher ailleurs…

 

Le Conseil de sécurité des Nations unies pourrait adopter d’ici la fin du mois de mars une résolution accordant à la Monusco un « mandat plus robuste ». Ne craignez-vous pas vous retrouver dans le collimateur de la brigade d’intervention internationale qui sera déployée dans la partie est de la RDC pour neutraliser toutes les forces négatives ?

 

Déployer une brigade d’intervention, c’est tenter de résoudre un problème en créant un autre. On ne fait que tourner en rond depuis plusieurs années. Les groupes armés dans le Kivu ne sont pas la cause du problème congolais, mais la conséquence de la mauvaise gouvernance à Kinshasa.

 

 

 

 

 

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