Après la défaite du M23. L’ONU et la Tanzanie s’accordent à poursuivre les efforts de paix en RDC




[L’Avenir]

27 novembre 2013

 

Jakaya Kikwete et Mary Robinson ont convenu de la nécessité de poursuivre les efforts visant à ramener la paix en Rdc et de voir comment aller de l’avant et passer à de nouvelles étapes, dans le but de garantir la paix et la sécurité et, finalement, construire l’économie de la Rdc

L’envoyée spéciale du Secrétaire général de l’ONU dans la Région des Grands Lacs promet de se consacrer à la fois à la priorité immédiate de parvenir à un résultat négocié aux pourparlers de Kampala et plus largement, à la mise en œuvre des engagements de l’Accord-cadre de Paix, de Sécurité et de Coopération pour la République démocratique du Congo et la région

Après la victoire militaire engrangée par les FARDC appuyées par la brigade spéciale d’intervention sur le M23, la donne sur le terrain des opérations militaires a complètement changé dans la mesure où le Gouvernement de la République a même été obligé de revoir certaines clauses de l’accord qui devait être signé entre les deux parties. C’est la raison même du refus de la Rdc de ne pas signer un document qui ne tenait pas compte de cette réalité.

Au Nord Kivu, la déroute du M23, voici plus de deux semaines, a engendré une sorte de « fonte de glace » politique et militaire : l’iceberg majeur que représentait le mouvement rebelle pro rwandais, se posant en rival de l’autorité de l’Etat, ayant sauté sous les coups de boutoir de l’armée et des forces onusiennes, c’est toute la banquise des groupes armés qui vole en éclats.

Chaque jour, des combattants quittent les groupes armés et expriment leur souhait d’être soit intégrés au sein des forces gouvernementales soit, plus rarement, être rendus à la vie civile moyennant des mesures d’accompagnement.

Accusé de soutenir les rebelles du M23 et par malheur médiateur (le ridicule ne tue pas) des pourparlers de Kampala, l’Ouganda avec son président Yoweri Kaguta Museveni s’est retrouvé dans une situation déconcertante et délicate. Raison pour laquelle des stratégies sont concoctées de gauche à droite afin de le sortir du gouffre. Même si la Rd Congo a toujours manifesté sa volonté de conclure ces pourparlers par une simple déclaration, le M23 ayant cessé d’être un parti politique, toute initiative allant dans ce sens ne peut être qu’encouragée.

C’est dans cette perspective qu’il faut situer la visite effectuée par Mary Robinson, l’Envoyée spéciale de Ban ki-Moon dans la Région des Grands Lacs, au président tanzanien Jakaya Kikwete. Au cours de cette réunion, nous avons appris que les Nations Unies et la Tanzanie ont convenu de la nécessité de poursuivre les efforts visant à ramener la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Une bonne nouvelle lorsqu’on sait qu’un général tanzanien commande la Brigade spéciale d’intervention de l’ONU qui a épaulé les FARDC dans leur offensive victorieuse qui a abouti début novembre à la capitulation de la rébellion du M23 qui avait conquis depuis avril 2012 une partie de la province congolaise orientale et minière du Nord-Kivu.

« Les deux dirigeants ont convenu de la nécessité de poursuivre les efforts visant à ramener la paix en RDC et de voir comment aller de l’avant et passer à de nouvelles étapes, dans le but de garantir la paix et la sécurité et, finalement, construire l’économie de la RDC », indique le communiqué en swahili.

 

S’attaquer aux FDLR

Il sied de souligner que de nombreux autres groupes armés sont encore actifs dans l’Est de la Rdc, parmi lesquels les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dont certains sont accusés par Kigali d’avoir joué un rôle dans le génocide des Tutsis de 1994. Mais depuis la défaite du M23, plusieurs des groupes « nationaux » congolais ont exprimé leur volonté de renoncer à la lutte armée et 1.400 ex-rebelles se sont déjà rendus au Nord-Kivu seulement. Nombre d’entre eux assurent avoir appuyé l’armée congolaise lors de son offensive sur Kiwanja et Rutshuru et ils espèrent, en contrepartie, être intégrés au sein des forces gouvernementales.

Plus de mille armes, restituées par ces soldats de fortune, ont été solennellement détruites à Goma. Mais l’avenir ces ex-rebelles demeure incertain. Dans l’immédiat, ils sont hébergés par la Monusco mais rien ne dit qu’ils seront automatiquement réintégrés au sein de l’armée congolaise qui souhaite se professionnaliser et s’assurer de la loyauté et des qualifications de toutes ses nouvelles recrues.

Soucieuses d’éviter le « réentrôlement » des ex-rebelles, les autorités souhaitent, selon certaines sources, envoyer 1.600 d’entre eux dans la province de l’Equateur, à 800 km de Goma. A Kinshasa, le gouvernement a présenté le 20 novembre dernier un plan de désarmement, réintégration et réinsertion sociale des membres des groupes armés et un ultimatum a été lancé à l’intention de tous les miliciens afin qu’ils restituent leurs armes et rentrent dans le rang.

« Madame Robinson a demandé au président Kikwete de continuer à apporter sa contribution aux efforts de restauration de la paix au Congo après que la force de l’ONU eut réussi à chasser les rebelles du groupe M23 de l’Est de la RDC », poursuit le communiqué. Elle a aussi renouvelé ses condoléances au président Kikwete pour les trois soldats tanzaniens tués au cours de leur mission en Rdc, selon ce texte.

Il sied de souligner que la diplomate onusienne effectue depuis lundi une tournée dans la région des Grands Lacs africains pour tenter d’appuyer les efforts de paix dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). « Elle se consacrera à la fois à la priorité immédiate de parvenir à un résultat négocié au Dialogue de Kampala (entre Kinshasa et la rébellion congolaise du M23) et, plus largement, à (…) la mise en œuvre des engagements du Cadre de Paix, de Sécurité et de Coopération pour la République démocratique du Congo et la région, signé par 11 pays », selon un communiqué des Nations Unies. Elle était attendue mardi au Rwanda, accusé d’avoir soutenu militairement le M23, puis le même jour au Congo-Brazzaville.

Du 27 au 29 novembre, Mme Robinson sera en Rdc, où elle se rendra à Kinshasa et à Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu. Le lendemain, elle assistera au Sommet des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) à Kampala (Ouganda), où se sont déroulés entre décembre 2012 et début novembre 2013 des négociations entre les autorités de la RDC et le M23.

 

Recommandé pour vous

A propos de l'auteur : Rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*