[AFP]
11/11/13
La région des Nord et Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), territoire convoité pour ses énormes ressources minières, constitue le principal foyer de conflits et de tensions dans la région des Grands Lacs africains. La RDC et le Mouvement du 23 mars (M23), une rébellion de tutsi congolais, qui ont récemment annoncé qu’ils mettaient un terme à leur combat, devaient signer ce lundi à Kampala un accord de paix jugé important, mais insuffisant à lui seul pour régler 20 ans de conflit dans la région. Frontalier du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda et de la Tanzanie, le Kivu s’est trouvé au coeur des tragédies de la région: rivalités communautaires et politiques, conflits fonciers meurtriers, exode massif de réfugiés hutu rwandais en 1994 (près d’un million) après le génocide, présence de miliciens hutu rwandais génocidaires, de rebelles burundais et ougandais, de milices tribales. La région, composée des provinces des Nord et Sud-Kivu, est riche en ressources agricoles et naturelles, principalement minières comme l’or, le coltan ou la cassitérite (minerais d’étain) particulièrement recherchés dans l’industrie des télécoms. Les tensions sont très fortes dans le Kivu, où se sont installées progressivement, depuis le XVIIIe siècle, d’importantes communautés issues de vagues successives d’émigration de Tutsi et Hutu venus du Rwanda. Au début des années 1980, le régime de Mobutu Sese Seko a instrumentalisé la question de la nationalité pour marginaliser ces populations d’origine rwandaise. Les guerres de 1996-1997 puis de 1998-2003, qui ont impliqué jusqu’à sept pays africains sur le sol congolais, ont commencé dans le Kivu. Au cours de ces deux guerres régionales, puis dans le cadre d’opérations conjointes avec le régime de Kinshasa à la fin des années 2000, le Rwanda a envoyé des troupes dans l’est congolais
En 2007 et 2008, le Nord-Kivu a été le théâtre d’affrontements entre l’armée et des soldats insurgés ralliés à l’ex-général tutsi congolais Laurent Nkunda qui a pris la tête du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), soutenu par le Rwanda.
Depuis avril-mai 2012, l’armée congolaise affronte dans le Nord-Kivu le Mouvement du 23 mars (M23), formé d’anciens rebelles (essentiellement CNDP) intégrés dans l’armée de RDC aux termes d’un accord signé le 23 mars 2009 avec les autorités de Kinshasa. Mais il a repris les armes en accusant le gouvernement de ne pas avoir pleinement respecté ses engagements.
Des experts de l’ONU accusent régulièrement le Rwanda et l’Ouganda – malgré leurs démentis – de soutenir le M23.
En novembre 2012, le M23 a pris Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, avant de s’en retirer 11 jours plus tard sur demande des Etats de la région, et contre la promesse d’un dialogue avec Kinshasa, entamé mais interrompu à plusieurs reprises.
Début novembre 2013, l’armée loyaliste a repris l’intégralité du territoire qu’occupait le M23, avec le soutien des quelque 3000 soldats de la force de l’ONU (MONUSCO).
Le M23 a annoncé qu’il mettait « un terme à sa rebellion » et qu’il fera désormais valoir ses vues pacifiquement.