Ouganda: redditions massives de rebelles congolais du M23

[AFP]

08/11/13

 

Plusieurs centaines de combattants du M23 ont fait acte de reddition en Ouganda où se trouvait aussi jeudi Sultani Makenga, le chef militaire de cette rébellion congolaise défaite lundi sur le sol de la République démocratique du Congo (RDC) voisine. « Quelque 1.500 combattants (du Mouvement du 23 Mars) se sont rendus à l’armée ougandaise aujourd’hui », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée ougandaise, Paddy Ankunda. Sultani Makenga « est avec nos forces, oui, il a franchi la frontière avec certains de ses hommes, il est avec nous », avait indiqué un peu plus tôt un haut responsable militaire ougandais, sans préciser où se trouvait exactement le chef rebelle. Sans démentir son entrée sur le sol ougandais, le colonel Ankunda a indiqué simplement ne pas être « au courant de (la) présence » de M. Makenga parmi les rebelles qui se sont rendus, laissant planer le doute sur le statut et la liberté dont bénéficierait le chef militaire du M23 en Ouganda. Selon lui, les rebelles congolais qui ont remis leurs armes aux forces ougandaises « sont cantonnés dans la zone de Mgahinga, dans le département de Kisoro », dans le coin sud-ouest de l’Ouganda, frontalier de la RDC et du Rwanda. Un expert militaire a mis en doute la réalité du chiffre donné par l’armée ougandaise, estimant les forces de la rébellion à un millier d’hommes à la fin octobre. Selon lui, pourraient être inclus dans le chiffre de 1.500 des membres des familles de rebelles ou des combattants du M23 se trouvant déjà précédemment en Ouganda.

En RDC, Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu, la province d’origine du M23, a jugé lui aussi irréaliste le chiffre des redditions annoncées par l’Ouganda.

Défait lundi par l’armée congolaise, le M23, qui combattait les troupes de Kinshasa dans la province orientale minière du Nord-Kivu depuis avril 2012, a annoncé mardi « mettre un terme » à sa rébellion.

Dans une lettre au président ougandais Yoseri Museweni, le président du mouvement rebelle, Bertrand Bisimwa, a indiqué que les rebelles qui s’étaient rendus à l’armée ougandaise n’avaient pas confiance dans le processus de « démobilisation et réinsertion » sociale envisagé pour eux en RDC et qu’ils remettaient leur sort entre les mains de M. Museweni, dont le pays joue un rôle de médiation dans les négociations entre Kinshasa et le M23 en vue d’un accord de paix.

Le M23 était formé d’anciens rebelles congolais, essentiellement tutsi, du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés à l’armée de RDC après un accord signé le 23 mars 2009. Ils s’étaient mutinés il y a 18 mois, accusant Kinshasa de n’avoir pas respecté les termes de cet accord.

Atrocités

Sultani Makenga, 39 ans, figure sur une liste des sanctions de l’ONU, qui l’accuse d’être responsable de violations graves des droits de l’Homme et d’atrocités liées au M23 dans l’est de la RDC: meurtres, viols, enlèvements, recrutement d’enfants, enrôlements forcés…

A l’apogée de sa force, le M23 avait conquis en novembre 2012 Goma, la capitale du Nord-Kivu, avant de s’en retirer contre l’ouverture de négociations sous l’égide de l’Ouganda. Entamées en décembre à Kampala, celles-si sont toujours en cours.

L’Ouganda, et surtout le Rwanda, tous deux frontaliers du Nord-Kivu, ont été largement accusés par l’ONU et d’autres sources de soutenir militairement le M23, ce que les deux pays ont toujours démenti. Des analystes attribuent pour partie l’effondrement du M23 à l’arrêt du soutien rwandais, sous pression notamment des Etats-Unis.

Allié du Rwanda, Washington a pris ses distances avec Kigali depuis juillet 2012 en gelant sa modeste assistance militaire de 200.000 dollars et en prenant des sanctions dans le même domaine de la formation militaire pour 2014, afin de pousser le régime du président Paul Kagame à mettre un terme à son soutien au M23.

Tutsi, Sultani Makenga est né le 25 décembre 1973 dans le Nord-Kivu, où il a grandi et a été de tous les conflits qui ont déchiré la région depuis une vingtaine d’années.

Comme de nombreux Tutsis, il a fait ses armes au début des années 1990 au sein de la rébellion rwandaise du Front patriotique rwandais (FPR), formée en Ouganda, qui a conquis avec M. Kagame à sa tête le pouvoir à Kigali en 1994.

Il a combattu ensuite au sein de forces supplétives rwandaises lors de la deuxième guerre du Congo (1998-2003) avant de rejoindre le CNDP, puis d’intégrer l’armée congolaise en 2009.

 

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