[AFP]
25/11/13
Trois semaines après la capitulation de la rébellion M23, le président Joseph Kabila est en tournée dans l’est de la République démocratique du Congo, un déplacement symbole de la « restauration de l’autorité de l’Etat ». Le chef de l’Etat est arrivé le 20 novembre à Kisangani, capitale de la Province Orientale (Nord-Est) et troisième ville du pays, pour le début de sa tournée régionale effectuée en voiture. Ce jour marquait le premier anniversaire de la cuisante prise de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu (Est), par le M23, l’ex-rébellion composée essentiellement de Tutsi congolais, qui était soutenue, selon des experts de l’ONU par le Rwanda et l’Ouganda, ce que ces pays voisins de la RDC ont toujours démenti. Hasard du calendrier ou symbole? « Cela faisait presque deux ans qu’il ne s’était pas rendu de ce côté du pays », a simplement expliqué à l’AFP une source de la présidence qui participe à la tournée. Reste que ce périple de 1.000 kilomètres et le mode de déplacement choisi, la voiture, visent à montrer que l’Est du pays est de nouveau sous le contrôle du gouvernement, impuissant ces dernières années face à de multiples guérillas. Joseph Kabila avait déjà fait ce trajet en voiture en 2009.
A Kisangani, il a présidé un conseil de sécurité. Pendant son séjour, il a pris des bains de foule, sourire aux lèvres, et sous bonne escorte, selon des images diffusées sur la Radio-Télévision Nationale Congolaise. D’après la source de la présidence, outre des demandes pressantes pour la réfection des routes, de nombreux habitants l’ont remercié pour la victoire de l’armée face au M23.
A Bunia, chef-lieu de l’Ituri (extrême nord-est), où il est arrivé dimanche soir par une route fortement dégradée, il pourrait animer un autre conseil de sécurité. Et il semble acquis qu’il se livrera au même exercice en fin de semaine à Goma, qu’il regagnera toujours par la route et où il tiendra aussi un conseil des ministres.
Fin octobre, le président avait lancé un ultimatum aux groupes armés qui pullulent dans l’est du pays, les enjoignant d’abandonner la lutte ou d’y être contraints par la force. Le 5 novembre, après une offensive musclée de l’armée et de la brigade d’intervention de l’ONU, le M23 a capitulé, après un an et demi de rébellion.
« La débandade des rebelles du M23 suivie de leur reddition en Ouganda suite à l’offensive victorieuse des FARDC (l’armée congolaise) a considérablement amélioré la situation sécuritaire dans les régions jadis sous son occupation », résumait récemment la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO).
« Le processus de restauration de l’autorité de l’Etat congolais dans le territoire de Rutshuru est en cours », a souligné la MONUSCO, alors que la police remplace progressivement les militaires qui ont récupéré les zones sous contrôle l’ex-rébellion.
Le général Jean-Lucien Bahuma, commandant de la 8e région militaire, a donné lundi un bilan des combats contre le M23, comptabilisant « 201 morts et 680 blessés » pour l’armée et « 721 morts et 543 hommes capturés, dont 72 Rwandais et 28 Ougandais » du côté rebelle, entre le 20 mai et le 5 novembre.
Depuis la défaite du M23, les annonces de redditions de miliciens d’autres groupes armés se suivent. Au Nord-Kivu, quelque 1.500 miliciens « auront la possibilité d’être intégrés dans l’armée ou la police s’ils le veulent », a déclaré à l’AFP Julien Paluku, gouverneur provincial.
Ces ex-rebelles, issus de milices d’auto-défense locales Maï-Maï, viennent du Masisi et du Rutshuru, deux territoires riches en ressources naturelles que se disputent les nombreux groupes armés. Pour l’heure, ils sont regroupés à Bweremana, à environ 50 kilomètres au sud-est de Goma, la capitale provinciale.
La plupart d’entre eux étaient actifs dans les milices Nyatura et Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), qui sont accusées d’exactions sur des civils et qui avaient auparavant manifesté leur désir d’intégrer l’armée.
Plusieurs dizaines de groupes armés locaux et ou venant de pays voisins restent actifs dans l’est de la RDC, instable depuis près de deux décennies.
Parmi ces rébellions étrangères figurent les rébellions ougandaises de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et les Forces démocratiques alliées-Armée de libération de l’Ouganda (ADF-Nalu), la rébellion burundaise des Forces nationales de libération (FNL), et hutu rwandaise des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Il reste environ deux millions de personnes déplacées qui ont fui combats et exactions dans l’Est de la RDC, selon l’ONU.