[AFP]
20/11/13
L’Etat congolais rétablit progressivement son autorité dans les territoires de l’Est de la République démocratique du Congo récemment libérés de l’emprise des rebelles du M23. « Les éléments de la police doivent remplacer progressivement les FARDC (Forces armées de la RDC) dans les zones libérées », a indiqué mardi le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, lors d’un point de presse à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu. M. Muyej séjourne depuis le week-end dans la ville et ses alentours avec une délégation gouvernementale pour évaluer les besoins nécessaires à la reconstruction et à la restauration de l’Etat dans les territoires repris fin octobre et début novembre lors de l’offensive qui s’est conclue par la victoire des FARDC sur le Mouvement du 23 Mars. « Nous avons déjà déployé des unités de police locales », a indiqué M. Muyej, et celles-ci doivent être sous peu renforcées par des unités « spéciales ». Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a annoncé à l’AFP qu' »un contingent de 300 hommes » de ces forces supplémentaires devait se déployer jeudi à Kibumba, à 25 km au nord de Goma, ainsi que dans le territoire de Rutshuru, ancien fief du M23, plus au nord. M. Paluku a également indiqué que les autorités avaient installé un tribunal de paix, premier échelon de la justice civile, à Rutshuru, à 80 km au nord de Goma, pour « lutter contre l’impunité » et « éviter les règlements de compte ». C’est une véritable nouveauté : jusque-là, il n’y avait aucun tribunal dans le territoire de Rutshuru, et les habitants, en dehors des affaires pouvant faire l’objet d’une conciliation par les autorités coutumières, devaient s’adresser à la justice dans la capitale provinciale pour régler leurs litiges.
La défaite du M23 ne signifie pas que l’ensemble du territoire de Rutshuru, et plus généralement le Nord-Kivu, connaisse enfin la paix : des myriades de groupes armés continuent d’y sévir et d’imposer leur loi par endroits.
Néanmoins, selon l’administrateur du territoire, Justin Makanya, »toutes les barrières qui étaient placées illégalement sur le tronçon Kiwanja-Ishasha-Nyakakoma ont été supprimées » ces jours-ci.
« La population a retrouvé sa liberté de circuler sans être taxée par qui que ce soit », a ajouté M. Makanya à propos de ce tronçon de route d’environ 80km courant grosso modo de Rutshuru vers le nord, jusqu’à la frontière avec l’Ouganda, et qui était parsemé de barrages dressés par des milices au gré de leur zone d’influence respective.
Programme de démobilisation des groupes armés
Après sa victoire militaire contre le M23, le gouvernement a lancé à tous les groupes armés présents dans le pays un appel à déposer les armes faute de quoi il se chargerait de les désarmer par la force, en commençant par les rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Ceux-ci ont indiqué la semaine dernière à l’AFP que les conditions n’étaient pas réunies pour qu’ils puissent déposer les armes. Avant d’employer la méthode forte, le gouvernement et la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO), qui a reçu pour mandat de « neutraliser les groupes armés », veulent encore donner une chance au dialogue et aux redditions volontaires.
Au Nord-Kivu, « le gouvernement est en train d’utiliser des méthodes de sensibilisation auprès des groupes armés pour qu’ils adhèrent au programme de démobilisation » offrant la possibilité d’un retour à la vie civile ou d’une intégration dans l’armée ou la police, a indiqué M. Paluku.
Selon lui, un certain nombre de miliciens convergent depuis quelques jours vers le camp de cantonnement de Bweremana, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Goma.
Il s’agit cependant d’initiatives individuelles et limitées. Après avoir été reçus par la délégation gouvernementale à Goma, les représentants de deux groupes armés, l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS) et les maï-maï Nyatura, ont indiqué être prêts à déposer les armes, mais encore sous un certain nombre de conditions.