ACAJ
RADHOSMA
ALLIPAM
« Répression violente d’une revendication légitime à la prison de Kasongo »
Kinshasa, le 12 février 2014 – L’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ), le Réseau des Associations de Défense des droits Humains dans le Sud Maniema (RADHOSMA) et l’Alliance Paysanne du Maniema (ALLIPAM) condamnent fermement la répression violente de la revendication des détenus de la prison de la cité de Kasongo, dans la province de Maniema, par la police.
Le 12 février 2014 vers 7 heures du matin, une cinquantaine de détenus se sont regroupés dans l’enceinte de ladite prison et ont, en chantant, protesté sans violence, contre la précarité de conditions de leur détention. Ils ont dénoncé des frais illégaux leur imposés par les policiers de garde et agents pénitentiaires pour soit recevoir la visite de membres de leurs familles, soit recevoir à manger, soit pour être autorisé à dormir dans une cellule plus ou moins spacieuse. Ils ont dit ne pas comprendre pourquoi la plupart d’entre eux sont détenus depuis plusieurs mois sans procès, et sans être présenté devant un juge de contrôle de légalité de détention. Enfin, ils ont appelé le gouvernement à leur donner à manger, car ça fait plus ou moins cinq jours qu’ils n’en ont pas.
En lieu et place d’un dialogue les autorités locales ont préféré recourir à la méthode forte pour mater vite ce qu’elles ont qualifié de « tentative d’évasion». C’est ainsi qu’elles ont fait appel à la police qui, à son tour, va lancer des gaz asphyxiants, en quantité exagérée même dans des cellules fermées et non aérées où certains détenus se cachaient, et tabasser indistinctement les détenus parmi lesquels deux femmes dont une allaitant un enfant de 9 mois et plusieurs malades.
« La répression violente d’un mouvement de revendication sans violence est inacceptable. Toute personne arrêtée a droit d’exiger que sa détention soit légale, dans de meilleures conditions et qu’il soit jugé dans un délai raisonnable. Les auteurs, co-auteurs et complices de la répression violente à la prison de Kasongo devront être poursuivis en justice », a déclaré Me Georges Kapiamba, Président de l’ACAJ.
« L’opinion publique doit noter que les conditions de détention à la prison de Kasongo s’apparentent à des traitements inhumains et dégradants. Une cellule conçue pour cinq détenus en contient, à ce jour, environ vingt, sans aération, sans lit (ils dorment à même le sol), y font leurs besoins et sont privés de tous soins médicaux. Ils sont également privés de nourriture car non seulement le centre pénitentiaire n’en pourvoit pas, mais de plus ils doivent s’acquitter du paiement d’une somme de 10 USD aux policiers de garde avant de recevoir la nourriture fournie par leurs familles », a déclaré M. ANGALI SALUMU YEMOKO, Président de REDHOSMA.
« Il y a eu plusieurs blessés graves lors de cette répression dont M. Gervais SAIDI, membre actif de l’ALLIPAM, détenu arbitrairement depuis le 16 décembre 2013 jusqu’à ce jour et ce, en représailles contre l’ALLIPAM qui avait représenté 33 victimes d’incendies survenus à Kasongo devant le tribunal de paix et obtenu la condamnation de la Province de Maniema à leur distribuer les 6.026 tôles leur envoyées par le gouvernement central. Agé de 56 ans et asthmatique, Gervais SAIDI est dans un coma profond. Ce sont les membres de sa famille qui se sont cotisés pour prendre en charge ses soins médicaux à l’hôpital de référence de Kasongo», a déclaré M. Même AWAZI NENGO, Secrétaire Exécutif de l’ALLIPAM.
ACAJ, REDHOSMA et ALLIPAM recommandent :
- Au Gouvernement congolais de :
– diligenter une enquête indépendante pour déterminer les conditions de détention à ladite prison de Kasongo ainsi que les circonstances de l’intervention de la police;
– prendre en charge les soins médicaux de tous les blessés;
– s’assurer qu’il n’y a plus de personnes en détention arbitraire;
– de prendre des dispositions urgentes pour que leurs cellules de toutes les prisons de la RDC en général et celle de Kasongo en particulier, répondent aux règles minima des Nations Unies telles que l’hygiène, le cubage d’air, l’éclairage, la nourriture, la ventilation et l’existence d’installations sanitaires.
- A la MONUSCO, d’intervenir en urgence pour que tous les détenus blessés, en particuliers les femmes dont celle allaitante un enfant de neuf mois, soient pris en charge médicalement et psychologiquement.
- Aux ONG de la société civile, de veiller à ce que la justice fonctionne en conformité avec les Droits de l’homme.
Pour contact presse :
Me Georges Kapiamba, Président de l’ACAJ
Téléphone : + 243 81 404 36 41
Email : kapiambag@gmail.com