(L’Avenir)
La résidence de l’ambassadeur de S.M. le Roi des Belges près la République démocratique du Congo, S.E Michel Lastschenko a servi de cadre hier, à la commémoration de la Journée internationale de l’enfant soldat, sous le rythme de « Plus jamais de kadogo » de Werrason. Il s’agit d’une journée célébrée par les Nations unies chaque 11 février, contre tout recrutement d’enfant au sein des groupes armés. L’événement a eu lieu en présence des ministres, gouverneurs, ambassadeurs, ainsi que la Monusco et bien d’autres invités pour la circonstance. Trois allocutions légendaires resteront marquées dans les annales de ladite journée en Rdc, pour cette année 2014. La première, celle du Représentant adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en Rdc, M. Wafy Abdallah, rappelant que par des efforts fournis par les uns et les autres, 20.000 enfants ont été séparés des groupes armés ces 12 dernières années. Il a, à cet effet, salué l’engagement du gouvernement de la Rdc qui dernièrement, a pris des mesures interdisant l’intégration des personnes présumées ou impliquées dans le recrutement d’enfants soldats. Tout en demandant que l’on arrive à créer un environnement où l’enfant retrouvera ses droits les plus inaliénables, Wafy Abdallah en appelle à la cessation de recrutement d’enfants au sein de groupes armés. « Travaillons ensemble pour un environnement sans enfant soldat », a-t-il conclu. Un plan d’action pour la Rdc Pour sa part, le représentant du Vice-Premier ministre et ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, le Général Joseph Mutombo Katalayi a, de prime abord, remercié l’ambassadeur Michel Lastschenko qui a offert sa résidence pour servir de cadre à la commémoration de ladite journée. C’était en même temps l’occasion de lancer la campagne en faveur de la lutte contre ce phénomène infâme. Le général a ensuite rappelé l’engagement de la Rdc, pris dans un Plan d’action daté du 4 octobre 2012, où les parties s’engagent aussi bien à prévenir, à lutter qu’à sanctionner le recrutement d’enfants soldats. Pour clore son propos, le Général a expliqué que les médias, le théâtre et la chanson ont été mis à profit pour que cette campagne atteigne les objectifs escomptés. En effet, une chanson intitulée « Plus jamais de kadogo », exécutée par Werrason, a été balancée, sous des ovations interminables de l’assistance. De même, Les Béjarts, un programme d’éducation civique par le théâtre, la danse et le cinéma, a présenté une saynète extraite du livre « Si ma vie d’enfant soldat pouvait être racontée », œuvre de Junior Nzita. Les deux ont été d’ailleurs brevetés quant à ce. Un témoignage révoltant Cette pièce est un témoignage vivant et révoltant de quelqu’un qui connait bien la problématique d’enfant soldat, l’ayant été lui-même, et qui aujourd’hui met sa plume et sa voix pour combattre ce phénomène odieux. La scène met en évidence le traitement désobligeant dont sont victimes les enfants tombés dans le filet des prédateurs belliqueux purs et durs, pour qui la règle c’est tuer pour s’exalter, s’enrichir, accéder au pouvoir et ne pas se faire tuer. Scolarité subitement arrêtée, esclavage sexuel, viol collectif, drogue, fétichisme, mille kilomètres à pied,… toutes ces difficultés ne payent qu’à ceux qui croient gagner leur vie par les armes et la violence, oubliant qu’il est des rêves qui ne se réalisent guère l’arme à la main. Combien de temps cela durera-t-il encore en Rdc ? Le dernier discours, celui du ministre belge à la coopération et au développement, Jean-Pascal Labille. Celui-ci, tout en reconnaissant que le phénomène ‘Enfant soldat’ était connu dans toutes les guerres du monde, s’étonne néanmoins qu’il soit encore d’actualité en Rdc en plein 21è siècle. L’homme d’Etat belge a préconisé entre autres remèdes l’amplification de la reconstruction psychique, bien qu’il y ait encore du chemin à faire dans la réintégration des concernés dans la société ; l’intensification de la collaboration avec l’Unicef et l’Unesco, le renforcement de la société civile, … « L’enfance, c’est là où tout commence. Vous avez de la chance ou vous n’en avez pas. La place de l’enfant, c’est à l’école et en famille. Les enfants sont l’avenir de la nation. La guerre n’est pas un jeu d’enfants. Que la communauté internationale s’y penche davantage », peut-on retenir à la volée de la bouche de Jean-Pascal Labille.