(Le Phare)
La quiétude passagère sur le plan de la criminalité, vécue dernièrement dans la ville de Kinshasa, n’aura duré que l’espace de quelques semaines. Rien de plus. En effet, les malfaiteurs qui alignent dans leurs rangs, des hommes en uniforme et en civil, tous équipés des armes à feu, ont curieusement repris du poil de la bête, dans la capitale congolaise, multipliant chaque jour, des cas de braquage. Et du coup, ce sont des réflexes de peur que l’on continue de cultiver à la détonation d’un pétard, au crépitement de chaque fusil d’assaut, ou à toute interpellation des silhouettes suspectes au sortir d’une rue sombre. Par toutes ces agressions, la pègre nous rappelle qu’elle est toujours là, prête à attaquer n’importe qui, n’importe quand et n’importe où. Une façon de bousculer les unités de la police actuellement préoccupées par les marginaux de tous bords et de petits vendeurs de la rue.
Lundi 17 mars 2014, le centre-ville a tremblé à la suite d’un braquage opéré en plein jour. On craignait un mouvement généralisé, mais fort heureusement, tout s’est limité dans le périmètre de la librairie salutiste. Il était 9 H 40’, racontent aujourd’hui des témoins encore sous le choc. Il pleuvait par-ci par-là. Seuls quelques piétons pressés vêtus de leurs imperméables ou protégés par des parapluies, continuaient à circuler. Sur l’avenue du Tchad, derrière l’ancien immeuble de l’Ambassade de France, un homme chargé d’une grosse mallette, accélère le pas pour aller se mettre à l’abri et protéger son précieux colis.
Au croisement des avenues colonel Ebeya et Plateau, un comptoir des diamants ouvert depuis près d’une heure, attend déséspèrement des clients qui se font de plus en plus rare, par ces temps qui courent. Dans ces circonstances, une voiture de marque Mercedes Benz type 180, de couleur verte, immatriculée 8233 AA/10, vient s’immobiliser devant cet établissement dont on dit qu’il appartient à un sujet américain. Quatre hommes habillés en tenue débarquent armes au poing et font irruption dans le comptoir de diamant Macky Froid, neutralisant tous les occupants.
A l’aide des menaces sur le promoteur avec leurs armes, ils ont réussi à lui arracher sa mallette contenant la somme de 5.000 dollars, quatre téléphones portables de différentes marques, des cartes bancaires et divers documents importants.
Le coup réussi, la bande a sauté à bord de sa voiture et pris une destination inconnue avec son butin. Pour ce braquage, les gens qui s’abritaient contre la pluie, ont vu les quatre malfrats sortir en catastrophe et embarquer dans leur Mercedes Benz.
La semaine passée, un bureau de change a été visité toujours au centre-ville, par des hommes en tenue civile armés. Trois solides gaillards aux allures de clients inoffensifs sont entrés dans cet établissement. Sans coup férir, ils ont neutralisé toutes les personnes y trouvées, cambistes comme clients. Et ils se sont dirigés à la caisse où ils ont emporté des sacs d’argent en Francs congolais et un montant non déterminé en devises. Aussi vite, ils sont ressortis et remontés à bord d’un véhicule qui les attendait depuis près d’une heure. La seule caractéristique qui se dégage de cette agression est que les bandits ont opéré en plein jour et à visages découverts.
Au début de ce mois de mars, un autre braquage avait eu lieu vers 13 H, au bureau de change « Modestie », situé sur au rez-de-chaussée de l’immeuble Botour, dans la commune de la Gombe. Une bande comprenant six hommes armés a pris d’assaut ce petit bureau. En face, deux véhicules ayant servi à leur transport, attendaient le signal du départ, le moteur en marche. Ils ont fait main basse des fonds importants de cette entreprise. On laisse entendre que le butin s’élevait à 70.370 dollars constituant le fonds de roulement. Depuis cette attaque, Mme Modestie Wumba Nsona, la promotrice, est inconsolable. « On m’a ruiné ! Et je ne sais pas quand et comment me relever de toutes ces pertes, a-t-elle confié à ses proches comme pour chercher un certain réconfort après ce terrible coup. Elle n’est pas la seule cambiste agressée dans ce centre-ville où des hommes en tenue ou en civil, n’hésitent pas à dépouiller les changeurs de monnaie de leurs économies.
Une fois de plus, tous les regards sont tournés vers la police qui donne l’impression de s’occuper de petites plaintes, des marchés pirates et des vendeurs ambulants qui ne constituent pas la grande préoccupation pour les Kinois. Ces derniers pensent plutôt qu’aux grands maux, les grands remèdes. Il faut donc livrer une guerre impitoyable à la pègre qui cause trop des tords à la population commerçante.