(Le Phare)
Des policiers de circulation routière, du matin au soir, rançonnent chaque jour, les automobilistes. Des éléments identifiés sous le vocable « Bureau 2 » à longueur de journée, fouillent les piétons et arrachent leurs biens. Des agents des unités territoriales, avant d’aller secourir des gens en détresse, ou agressés par des marginaux, exigent le paiement des frais de plainte et de déplacement. Des éléments de la police affectés comme gardes du corps des expatriés ou des épouses des personnalités politiques, transportant quelque fois leurs paniers, pour ne citer que ces quelques activités, attitudes et comportements tirés du quotidien de certains policiers, ont été fustigés hier, mercredi 23 avril 2014, au séminaire-atelier sur la réforme de la police, organisé par le Réseau pour la réforme des services de sécurité et justice ( RRSSJ ) avec l’appui de la Mission Eupol RD Congo, à l’intention des journalistes intéressés par les questions de sécurité.
Cette remise à niveau des professionnels des médias sur le processus de la réforme de la police vise, selon le coordonnateur national du RRSSJ, Emmanuel Kabengele, à susciter des questions de fond sur ce qui ne marche pas jusqu’ici. Afin de les aiguillonner pour la réflexion, les participants ont suivi dans l’avant-midi, sous la modération de Clovis Kadda, assistant à la coordination nationale du RRSSJ, les exposés du commissaire principal Johnny Siadi, conseiller juridique au Commissariat général de la PNC et expert du Comité de suivi de la réforme de la police ( CSRP ), et du commissaire principal Alain Kabengele, expert du CSRP chargé du cadre légal et réglementaire.
Le commissaire principal Johnny Siadi a remonté aux origines de la réforme de la police dont la recommandation avait été faite au Dialogue intercongolais de Sun City. Les anciens belligérants et autres seigneurs de guerre, les leaders politiques et acteurs de la société civile, des membres de la diaspora et des observateurs et facilitateurs, avaient au cours de ces assises, recommandé au pouvoir en place de l’époque, de créer en RDC, une police républicaine répondant aux standards internationaux et pouvant se charger d’assurer avec efficacité, la sécurité des personnes et de leurs biens. Pour l’expert Alain Kabengele, un comité de réflexion ( GMR 3) a été mis sur pied pour faire l’état de lieux de la police. Car, en lieu et place de ce corps, on avait affaire avec une mosaïque atypique regroupant en son sein, des éléments de l’ex-Gendarmerie nationale, l’ex-Garde civile, des militaires, des miliciens issus des groupes armés, des membres de différentes de rébellion, des veuves, des retraités et des délinquants de tous bords. Et le rendement d’une telle police ne pouvait être que décevant, étant donné que ces éléments disparates n’obéissaient qu’à leur hiérarchie et les officiers de police judiciaire non formés pour la plupart, n’appliquaient aucune législation pénale en vigueur.
Heureusement, le travail réalisé par le GMR 3 a abouti, sur recommandation des partenaires extérieurs, à la mise sur pied du Comité de suivi de réforme de la police. Et c’est cette dernière structure, a noté le commissaire principal Alain Kabengele, qui a élaboré les projets de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la police, du statut des agents de carrière de la police, du code de déontologie du policier, de la loi de programmation, ainsi que des décrets d’application de certaines de ces lois, aujourd’hui promulgués.
La réforme de la police, a fait remarquer pour sa part, le commissaire principal Johnny Siadi, devait aboutir à la création d’une police, service public, républicain, moderne et respectueuse des droits de l’homme, ayant pour principes de base, la transparence et la bonne gouvernance. Il s’est alors étendu sur les avancées de la réforme de la police, avant de relever les défis immenses en termes d’infrastructures, de logistique, de changement de mentalités. Un changement qui passe par la rupture avec le passé. Aujourd’hui, fait savoir cet expert du CSRP, ce changement ne peut intervenir que par la formation. Voilà pourquoi un accent a été mis sur ce volet avec la création de la direction générale des écoles et de la formation pour former et recycler tous les agents de la police.
Le président de Freedom for journalists, Désiré-Israël Kazadi, est intervenu dans cet atelier, pour rappeler les notions de base du journalisme, en se focalisant sur le traitement des informations sur la sécurité publique. En se posant plusieurs questions, l’orateur attendait une prise de conscience des professionnels des médias sur les problèmes auxquels ils sont confrontés, notamment l’accès à certaines sources de la police, le traitement des informations qualifiées ultra-sensibles ou frappées du sceau de secret-défense.
Enfin, l’inspecteur-auditeur Florent Katukani a entretenu les participants sur l’organisation et du fonctionnement de l’Inspection générale de la police qui bien que relevant des structures de la PNC, est placée sous la tutelle du ministre de l’Intérieur. Il a donné les différents modes de saisine, avant de terminer par ses principales missions qui sont entre autres, auditer, contrôler, évaluer et enquêter.
Aujourd’hui, les participants se retrouveront en groupes pour débattre de plusieurs questions, afin d’aboutir aux recommandations pouvant permettre le renforcement de la collaboration entre la police et les médias, le traitement des sujets qui peuvent susciter un changement de mentalités et de comportements, la prise des décisions ou des mesures de la part des autorités. Et la clôture interviendra dans la soirée.