(Le Potentiel)
La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme (VSV) est vivement préoccupée par les conditions inhumaines dans lesquelles sont expulsés massivement, par les autorités de la République du Congo (Brazzaville), les ressortissants de la République démocratique du Congo depuis début avril 2014.
Des informations parvenues à la VSV font état de traitements cruels, inhumains ou dégradants, la pratique de la torture (en violation de l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques), des viols des femmes et des jeunes filles, des extorsions de biens, des brimades, des séparations forcées d’enfants de leurs parents, des épouses de leurs maris, l’interruption brusque de la scolarité de bon nombre d’enfants… qui ont caractérisé ces expulsions. Des allégations de mort et des accouchements précoces dus aux traumatismes sont également avancés par les victimes.
Selon la VSV, les autorités du Congo/Brazzaville ont justifié cette opération dénommée « Mbata ya mokolo » par leur volonté de mettre fin à la criminalité, au banditisme en assainissant les différents quartiers de Brazzaville. Cette opération aurait eu également pour objectif de mettre fin au séjour irrégulier des étrangers en République du Congo.
Cependant, la VSV estime qu’au nom du respect des droits humains, des libertés fondamentales et surtout de la dignité humaine, aucune raison ne pouvait justifier les violations massives des droits humains commises par les autorités de la République du Congo.
En outre, la VSV est également vivement préoccupée par le manque des structures d’accueil appropriées et l’absence quasi totale d’une prise en charge effective, appropriée et complète des victimes des expulsions massives et inhumaines par les autorités de la République démocratique du Congo. Des familles entières passent des nuits à la belle étoile et sont ainsi exposées à toutes sortes d’intempéries, des maladies et ne sont de surcroit approvisionnées ni en nourriture ni en eau potable, etc.
Curieusement, relève cette ONGDH, certaines autorités de la RDC se complaisent à déclarer à tout bout de champ qu’une prise en charge est assurée aux expulsés dont le nombre s’élèverait à plus de trente mille.
PRIVILEGIER LE BON VOISINAGE
Certes, souligne la VSV, tout en appréciant la mise à la disposition des victimes de quelques bus de la société Transco en vue de faciliter leur évacuation du port vers le centre-ville via le centre de transit situé dans l’enceinte de la maison communale de Kinshasa ainsi que le stade Cardinal Malula, cependant les facilités de transport ne doivent pas constituer un motif d’autosatisfaction pour certaines autorités.
Face à cette situation combien dramatique, préoccupante et inquiétante et vu la poursuite des expulsions suscitant de vives réactions et des frustrations au sein de la classe politique, de la Société civile et même au sein de l’opinion publique, la VSV voudrait attirer l’attention des autorités de la République du Congo et celles de la République démocratique du Congo ainsi que les populations de deux pays sur le rôle à jouer par les uns et les autres en vue de garantir le respect de tous les droits humains et des libertés fondamentales dont entre autres le droit de quiconque se trouve légalement sur le territoire d’un Etat de circuler librement et d’y choisir sa résidence (article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques).
La VSV saisit cette occasion pour dénoncer fermement les discours et autres propos tenus par certains acteurs politiques tendant à envenimer la situation entre la République du Congo et la République démocratique du Congo dont les peuples ont des liens séculaires de fraternité et de consanguinité.
Il est important pour la RDC de s’assumer jusqu’au bout en privilégiant des voies apaisées et diplomatiques pour mettre fin aux expulsions massives et infrahumaines de nos compatriotes par les autorités de la République du Congo et pour éviter la commission d’autres violations des droits humains similaires en République démocratique du Congo. Toutefois, la VSV tiendra à ce que les auteurs des violations massives des droits humains, notamment des traitements cruels, inhumains ou dégradants, des viols, des extorsions des biens, des brimades… infligés aux ressortissants de la RDC répondent de leurs actes devant les instances compétentes.
Aussi, la VSV exige-t-elle des autorités de la République du Congo et de la République démocratique du Congo la mise en place, toutes affaires cessantes, d’une commission d’enquête mixte et indépendante composée des officiels de deux pays, des défenseurs des droits humains nationaux et internationaux, en vue de faire la lumière sur les conditions des expulsions sus évoquées et d’en établir les responsabilités pour toutes fins utiles.