(Le Phare)
Le dernier week-end a été marqué par la mort de deux anciens insurgés congolais, le colonel Jules Mutebusi et le paysan Udjani Mangbama, mieux connu sous le pseudonyme d’Etoko. La première cité est décédée le vendredi 09 mai 2014 dans un hôpital de Kigali, au Rwanda, son véritable pays d’origine, à la suite d’une longue maladie. L’homme s’était rendu célèbre en juin 2004, en signant l’exploit d’occuper militairement la ville de Bukavu du 2 au 9 juin, en compagnie de son mentor, le général Laurent Nkundabatware, ancien patron du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple). Mais leur aventure militaire allait tourner court, suite à l’offensive des troupes des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), conduites par feu le général Mbudja Mabe. Après sa fuite au Rwanda, avec plus de trois cents militaires, il ne s’était plus fait parlé de lui qu’à travers la demande d’extradition adressée en son temps par le gouvernement congolais à son homologue rwandais. Cette requête était restée lettre morte, Kigali arguant que le colonel Jules Mutebusi, à l’instar de son compère Laurent Nkundabatware, était un sujet rwandais. Et pourtant, dans le fichier du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) comme dans celui des FARDC, il était renseigné que cet officier militaire était Congolais.
« Etoko » trahi par ses protecteurs
Quant au paysan Udjani Mangbama « Etoko », chef d’un groupe insurrectionnel dénommé « Enyele », qui avait semé la mort et la désolation dans une partie de la province de l’Equateur en 2009, il est mort le samedi 10 mai à Brazzaville, des suites des balles qu’il avait reçues la veille à Owando, après une altercation avec la police locale. A en croire les autorités du Congo/Brazzaville, il aurait refusé de se rendre aux policiers ayant investi sa résidence pour un contrôle de routine.
On lui impute l’initiative d’avoir tiré les premiers et provoqué la mort de quatre éléments de la police, d’où la riposte ayant entraîné son décès à retardement dans un hôpital de Brazzaville. Réagissant à la nouvelle du décès d’Etoko, le porte-parole du gouvernement et ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté, Lambert Mendé, a déploré le jeu de cache-cache pratiqué par Brazzaville. Ce membre de l’exécutif national congolais a relevé la mauvaise foi du Congo voisin, qui avait réservé une fin de non recevoir à la demande d’extradition de ce seigneur de guerre, sous prétexte que l’intéressé se trouvait en détention dans une prison.
L’exécution d’Etoko à partir de sa résidence, à indiqué Lambert Mende, constitue la preuve que l’homme était en liberté, prêt à nuire à ses propres protecteurs.
Alors qu’Udjani Mangbama n’est plus de ce monde, son père est encore en vie, mais en train de croupir à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, après sa condamnation à mort, en 2010, par le tribunal militaire de Mbandaka. Ibrahim Mangbama était accusé d’être un des animateurs des « Enyele », le mouvement insurrectionnel créé par son fils.