(Groupe l’Avenir)
Les Fardc viennent de reprendre le contrôle de plusieurs localités le long du lac Tanganyika, dont celle de Yungu, dans le territoire de Fizi, au Sud-Kivu. Très déterminée, l’armée congolaise progresse présentement vers Talama, une autre localité située un peu plus au sud
• Devant cette montée en puissance de l’armée régulière, c’est la débandade dans le camp ennemi. Maints acteurs de la société civile affirment avoir observé, depuis une semaine, des mouvements des Maï-Maï s’effectuer dans plusieurs localités de la presqu’île d’Ubwari
L’armée régulière congolaise, les Fardc ont repris, depuis dimanche dernier, le contrôle de plusieurs localités le long du lac Tanganyika, dont celle de Yungu dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu. Cette localité, située à une centaine de kilomètres au sud de la cité de Baraka, était occupée depuis jeudi dernier par les miliciens des forces de la coalition nationale pour la défense du Congo dirigés par un certain William Amuri Amisi alias Yakutumba.
Le bilan provisoire des combats fait état de deux militaires tués, plusieurs dizaines autres dans le camp ennemi, à en croire bien des sources concordantes dont le commandement des FARDC du 105ème secteur opérationnel à Fizi.
L’heure est au sauve-qui-peut
Les unités du 1004ème et du 1012ème régiment des FARDC, renseigne-t-on encore, ont réussi à repousser les assaillants vers le sud de la localité de Yungu et vers la forêt de Ngandja.
Selon des sources militaires à Fizi, citées par la radio onusienne, deux militaires ont été tués. Mais aucun bilan officiel n’est encore disponible du côté des assaillants quand bien même ils sont à compter par plusieurs dizaines. Ces derniers se sont repliés dans les grottes creusées sur les montagnes surplombant les localités littorales.
Pour l’instant, les FARDC progressent vers Talama, une autre localité située un peu plus au sud, ont indiqué des sources militaires. Le chef de secteur de Ngandja où se déroulent les combats, Mapangwa Kabiona, a confirmé ces affrontements sans donner le bilan exact ni la situation de la population locale.
Les acteurs de la société civile affirment, quant à eux, avoir observé depuis une semaine des mouvements des Maï-Maï s’effectuer dans plusieurs localités de la presqu’ile d’Ubwari.
Cette information a été confirmée par des sources militaires du 105ème secteur opérationnel à Fizi. Ces miliciens avaient déjà occupé plusieurs positions, après avoir délogé les éléments de la force navale à Ubwari et à Yungu, Talama, Kakono et Kiricho, a rappelé la même source. Ils ont été à leur tour délogés dimanche 15 juin par l’infanterie des FARDC.
Les jours de Yakutumba sont comptés
Le 19 mai dernier, d’aucuns le donnaient pour mort après d’âpres combats contre les FARDC. En effet, le milicien Yakutumba était grièvement blessé au ventre au terme des combats qui avaient opposé ses hommes aux Forces armées de la RDC (FARDC). C’était vers la même forêt de Ngandja en territoire de Fizi (Sud-Kivu).
Curieusement, cette information livrée par les chefs locaux était contestée par le porte-parole de la milice Yakutumba, M. Pacifique Mutiki. Ce dernier admettait tout de même l’intensification de la traque des FARDC contre son groupe armé.
Plusieurs autres miliciens ont été touchés au cours de ces violents affrontements, affirmait pour sa part le colonel Anaphos Baburwa, commandant second du 1004ème régiment FARDC à Baraka.
Selon cet officier militaire, Yakutumba blessé chercherait à traverser le lac pour aller se faire soigner vers le pays voisin, souvent impliqué dans cet opportunisme. Il précisera alors que les troupes des FARDC étaient mises à sa poursuite vers la presqu’île d’Ubwari.
Encore une fois, Pacifique Mutiki contestera cette version qui relève, selon lui, de la manipulation. Ce Maï-Maï reconnaît tout au moins que son groupe était dans les viseurs de l’armée régulière dans la forêt de Ngandja où ils ont été délogés des localités de Kilozo, Kichala, Lusombe et kilingi, au bord du lac Tanganyika que ces miliciens occupaient depuis un mois.
Alors, sur le terrain, l’armée va intensifier ses patrouilles des combats sur la route entre Sebele, Kinkonde et Kazimiya. L’objectif sera de désarmer ces miliciens réfractaires au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR).
Mais ce n’est d’aucun doute que lesdits combats entre les FARDC et les Maï-Maï Yakutumba, survenus alors dans la même forêt de Ngandja avaient fait plusieurs morts du côté des miliciens.
Un mois plus tôt
Le 8 avril 2014, de violents combats avaient opposé les FARDC aux éléments du groupe Yakutumba. C’était dans la localité de Misisi, au sud d’Uvira (Sud-Kivu).
Comme on devait s’y attendre, le bilan est resté controversé. Selon le commandant du 1012ème régiment des FARDC à Lulimba, le bilan provisoire faisait état de six morts, dont deux militaires.
Les combats avaient duré plus de trois heures depuis 5 heures locales à Misisi. Selon le commandant du 1012e régiment FARDC, le colonel Joseph Mitabu, les assaillants étaient sortis de la forêt de Ngandja, vêtus de peaux d’animaux et des branches d’arbres, et scandant des chants de guerre. Ils attaqueront alors une position des FARDC à Misisi, avec pour objectif de prendre le contrôle des localités de Kachemba, Misisi et Lulimba et de forcer ipso facto les négociations avec le gouvernement central pour leur intégration dans l’armée, d’après la même source.
Pour sa part, la société civile locale a confirmé que les FARDC contrôlaient la situation sur le terrain. Et cet après-midi, selon la même source, la population, encore paniquée, a commencé à sortir de sa cachette.
Ces Maï-Maï versatiles
Alors qu’il était annoncé, le 9 août 2013 que 6 groupes armés d’Uvira au Sud-Kivu dont les miliciens de Mai-Maï souhaitaient intégrer les FARDC « pour défendre la patrie », la suite ne le prouve pas. Il s’agit notamment de groupes du major Fudjo, de Bede du colonel Nyerere, du MPDC de Kashologosi et de deux autres groupes d’autodéfense populaire actifs dans les moyens plateaux de Lemera et dans les hauts plateaux de Masango.
Ils avaient exprimé ce vœu comme pour mettre la poudre aux yeux de ceux qui veulent les entendre après un échange qu’ils ont eu avec trois députés nationaux élus de ce territoire, mercredi 7 août, sur initiative du Premier ministre Matata Ponyo.
La rencontre entre les députés nationaux Mutula Lungwe Diallo, Justin Bitakwira et François Rubota ainsi que cinquante personnes, en majorité des représentants des groupes armés, avait eu lieu au centre de recherche en hydrobiologie.
Mais avant de se rendre, ces groupes armés exigeaient que leurs principales revendications soient prises en compte par le gouvernement central. Alors que tout devrait être passé au peigne fin, ils évoquaient notamment la libération de leurs combattants qui sont détenus au Sud-Kivu, la reconnaissance de leurs grades et fonctions ainsi que leur participation aux concertations nationales convoquées par le chef de l’Etat Joseph Kabila.
« Une fois intégrés, nous demandons au Gouvernement de nous donner les grades et les fonctions comme tant d’autres groupes intégrés dans les FARDC. On ne saura pas faire la sécurité dans une étendue quelconque sans être gradé », a affirmé le porte-parole de ces groupes armés, comme si la question devrait ainsi continuer à se traiter comme du temps de partage de gâteau.
Dans leur réaction, les trois députés avaient indiqué que les préoccupations soulevées par ces groupes armés ne relevaient pas de leur mandat.