Dossier FDLR : Les populations du Haut-Uélé en colère

(TEMPÊTE DES TROPIQUES)

Une journée ville morte a été observée hier à Wamba, Faradje, Dungu, Niangara et Rungu pour protester contre la relocalisation des rebelles Hutus rwandais en Province Orientale.

La journée ville morte décrétée par la société civile du Haut Uélé a été suivie ce mardi 29 juillet dans cinq territoires de ce district de la Province Orientale, en guise de protestation contre la décision des autorités congolaises de relocaliser les rebelles Hutus rwandais (FDLR) dans cette région de la République Démocratique du Congo.

Marchés, boutiques et entreprises privées n’ont pas ouvert à Wamba, Faradje, Dungu, Niangara et Rungu. Seuls les services étatiques, les pharmacies, structures médicales et les cabines de recharge téléphonique ont ouvert. Mais le mot d’ordre n’a pas été suivi dans le territoire de Watsa.
Le commissaire du Haut-Uélé a reconnu que la journée ville morte a été suivie. Pour lui, c’est une expression de La volonté populaire qui ne perturbe pas l’ordre public.
Pour rappel, la société civile du Haut Uélé avait lancé un appel exhortant la population à protester contre la relocalisation des ex-rebelles des FDLR à Kisangani. Elle est opposée à la présence de ces rebelles dans cette province.

“Nous avons décrété la ville morte suite à la délocalisation des FDLR dans la Province Orientale et précisément à Kisangani ‘, indique Gary Lituta Hamed, secrétaire exécutif de la société civile du Haut-Uélé. Ce dernier s’est dit déçu par les propos du porte- parole du gouvernement congolais qui a déclaré dimanche 27juillet à Kisangani que la décision de relocaliser ces ex-FDLR à Kisangani n’était pas à négocier.

Le secrétaire exécutif de la société civile du Haut-Uélé a fait remarquer que la Province Orientale est confrontée à beaucoup de problèmes sécuritaires. “ Nous sommes encore avec les Mbororo, la LRA, il y a des groupes armés qui ont semé la désolation à Wamba. On ajoute encore des gens qui ont fait des tueries, des viols au Nord-Kivu. Et pourtant on n’a pas encore terminé les histoires de LRA, des Mbororo “, explique-t-il.
Pour lui, ces ex-rebelles devraient être directement envoyés vers d’autres pays d’accueil après leur désarmement volontaire au Kivu.

Mais, le gouvernement congolais a décidé de relocaliser temporairement à Kisangani les FDLR qui ont volontairement déposé les armes dans les deux Kivu. Ces ex-combattants devraient ensuite être envoyés à Irebu avant leur transfert dans des pays d’asile. Quant aux ex-FDLR qui souhaitent rentrer au Rwanda, ils seront rapatriés.
La société civile ne cache pas son opposition à cette relocalisation. Pour manifester sa désapprobation, elle avait d’abord appelé les habitants de Kisangani à observer une ville morte vendredi 25 juillet dernier. Mais le mot d’ordre n’était pas suivi.
Plusieurs élus de la province Orientale avaient aussi haussé le ton, pour protester contre la relocalisation des rebelles Hutus rwandais dans cette partie de la RDC. Le gouvernement de la RDC qui s’était opposé catégoriquement contre la présence des FDLR sur le sol congolais a malheureusement changé de position.

Rappel d’un passé douloureux

Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, en kinyarwanda « Urugaga Ruharanira Demokarasi No Kubohoza U Rwanda “ sont un groupe armé formé en République démocratique du Congo en 2000.
Défendant les intérêts des Hutus rwandais réfugiés en RDC et opposé à la présidence de Paul Kagame, il aurait pris la suite de l’Armée de libération du Rwanda et compterait dans ses rangs des responsables du génocide rwandais, ce qu’il nie. Jusqu’au milieu des années 2000, les autorités congolaises utilisaient les FDLR comme supplétifs à l’armée régulière, malgré leurs nombreuses accusations de violences et de prédations contre les populations civiles, d’après un rapport des experts des Nations Unies.
Les FDLR sont issues du Comité de coordination de la résistance, un groupe d’exilés rwandais hutus dissident de l’Armée de libération du Rwanda qui se transforme en FDLR en mai 2000.
La première apparition des Forces démocratiques de libération du Rwanda date de juillet 2000. Prétendant représenter les intérêts des Hutus rwandais des camps de réfugiés en RDC créés en 1994, les FDLR seraient formées d’anciens membres des Forces armées rwandaises et des milices Interahamwe, prenant la suite selon les observateurs de l’Armée de libération du Rwanda, rassemblant des responsables du génocide au Rwanda et active dans la deuxième partie des années 1990.
L’apparition des FDLR se fait sous l’influence du feu président Laurent-Désiré Kabila, cherchant à créer des groupes paramilitaires contre le Rassemblement congolais pour la démocratie dans le cadre de la Deuxième Guerre du Congo.
Si la branche politique est essentiellement basée en Europe, la branche militaire de l’organisation, les Forces combattantes Abacunguzi (Foca) sont elles actives à Maniema, au Nord-Kivu et ai Sud-Kivu.

Tentant de s’implanter politiquement au Rwanda, il fonde l’Alliance démocratique pour la réconciliation nationale avec les partis tutsis exilés Alliance pour la renaissance de la nation et Nation Imbaga y’Inyabutatu Nyarwanda en 2002.
Au début de l’été 2003, le président congolais Joseph Kabila a suspendu totalement son soutien aux FDLR. Quelques mois plus tard, une partie des Foca, dont Paul Rwarakabidje, dépose les armes. Entretemps, de nombreux membres de l’organisation sont recherchés pour leur participation dans le génocide au Rwanda, selon Amnesty International et les Réseaux d’information régionaux intégrés. Ces FDLR seraient responsables de pillages, viols, tueries, enlèvements et d’utilisation d’enfants soldats. Ils seraient aussi “ responsables de l’insécurité et de l’instabilité dans l’Est de la RDC, selon l’ONU.
En 2005, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) mènent une première offensive contre les FDLR. Le 31 mars, elles déclarent condamner le génocide des Tutsis de 1994, être prêts à se démobiliser et à rentrer pacifiquement au Rwanda, mais les observateurs comme Amnesty International et Conseil de sécurité des Nations unies considèrent comme fausses ces déclarations d’intention, même si autour de 1 500 combattants de FDLR rendent leurs armes l’année suivante.
En 2007, les FARDC cessent leurs opérations contre les FDRL, mais le 5 décembre 2008, un accord est conclu entre les gouvernements rwandais et congolais pour lutter contre la rébellion, prévoyant des opérations coordonnées de la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo et des FARDC, épaulées logistiquement par le Rwanda. Le 17 novembre 2009, le chef des FDLR, Ignace Murwanashyaka, est arrêté en Allemagne, où il était réfugié politique depuis 2000, dans le cadre d’une enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Le 13 juillet 2012, la CPI délivre un mandat d’arrêt contre le chef des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) Sylvestre Mudacumura pour des crimes de guerre commis dans les Kivus6 et aussi contre Bosco Ntaganda.
Par l’entremise de la communauté religieuse Sant Egidio, quelques dirigeants FDLR se sont rendus fin juin à Rome.
Ils ont pu rencontrer plusieurs représentants de la communauté internationale qui travaillent sur la situation sécuritaire dans les Grands Lacs. Mais, cette réunion a été mal accueillie à Kigali où les FDLR sont toujours considérés comme un “mouvement d’idéologie génocidaire”.

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe

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