Fdlr : un désarmement aux contours hypocrites!

(Tempête des tropiques)

Mascarade pour les uns, illusion pour les autres, d’aucuns ne croient pas en cette énième promesse des rebelles hutus rwandais, alors Kinshasa se montre optimiste, de même que la Monusco.

Pour la énième fois, la République démocratique du Congo se lance dans le processus de désarmement volontaire des rebelles hutu rwandais cantonnés dans sa partie Est. Cette promesse faite par les Fdlr dans le cadre d’une paix durable dans la région troublée des Grands Lacs, laisse pour l’heure sceptiques plusieurs observateurs.

Estimés à plus de 2 000, ces rebelles hutus sont toujours considérés par Kigali comme une menace pour la paix dans cette région et vis-à-vis du régime de Kagame. De son côté, Kinshasa suspecte le Rwanda de ne pas voir disparaître cette menace, prétexte à une intervention armée en territoire congolais.
Dans l’entre-temps, d’aucuns se posent aussi la question de la sincérité des Fdlr qui ont déjà, à maintes reprises, annoncé tambours battants leur renoncement à la lutte armée.
Pour les uns, il s’agit, une fois de plus, d’une mascarade.
Pour les autres, c’est une illusion. Y a-t-il des contours hypocrites dans ce désarmement?
Toutefois, Kinshasa croit visiblement à cette opération qui vise la paix, à en croire le porte-parole Lambert Mende Omalanga, lors de son tout dernier point de presse tenu à Kinshasa. Pour lui, ces forces négatives étaient, au départ, au nombre de 13 000, alors qu’aujourd’hui ils ne sont plus qu’à 2 000. Ce qui est, pour lui, un effort considérable et non négligeable.
Et depuis l’ultimatum leur lancé pour déposer pacifiquement les armes, 10% d’entre eux l’ont fait au début du mois de juin, soit près de 200 qui s’étaient rendus. Néanmoins, précise-t-il, l’option militaire est toujours sur la table de Joseph Kabila au cas où ils ne respectaient pas leur parole. Mais malgré cela, Mende pense que l’option militaire coûtera une énorme perte à la RDC en termes d’hommes, car ces rebelles sont pour l’instant confondus dans la population. Les attaquer serait synonyme d’attaquer en même temps la population civile.
Il faut noter que le mardi 1er juillet 2014, les pays d’Afrique centrale, orientale et australe associés aux efforts de paix pour les Grands Lacs ont accordé un ultimatum six mois aux miliciens du groupe pour se désarmer volontairement et se rendre. Un timing très long pour plusieurs pays qui souhaitaient qu’il soit de trois mois.

Kigali met en garde le Conseil de sécurité de l’Onu

Accusant la Monusco de pactiser avec le diable, Kigali a mis en garde, vers la fin du mois de juin 2014, le Conseil de sécurité de l’ONU contre tout délai supplémentaire dans l’élimination des Fdlr.
Faute de quoi, menace-telle, le Rwanda pourrait se retirer du processus de mise en œuvre de l’accord-cadre d’Addis-Abeba signé en février 2013.

Les garanties de Kinshasa

La Monusco et Kinshasa rassurent qu’aucun Fdlr ne reste ra sur le territoire congolais à l’issue du processus de désarmement.
Mais au sein même du système des Nations unies certains estiment que c’est une vue de l’esprit : les rebelles ayant pris souche en RDC, la solution passera nécessairement par l’installation définitive dans le pays de quelques uns d’entre eux qui n’ont aucune intention d’aller vivre au Rwanda.
Une autre solution pour ces rebelles qui souhaitent retourner au Rwanda en toute quiétude, c’est de conditionner leur rapatriement à l’ouverture d’un dialogue politique inter- rwandais ce qui est hors de question pour Kigali.

Martin Kobler

Pour le n°1 de la Monusco, quant aux 10% des rebelles qui ont déjà répondu favorablement à ce processus, on ne peut se permettre de dire que ce processus est crédible, au regard de ce faible taux. Mais il tient au rapatriement de ceux qui restent encore en RDC, avec leurs dépendants, c’est-à-dire leurs familles Et d’ajouter, ceux qui ne sont pas impliqués dans le génocide de 1994, peuvent rentrer sans problème, sans un quelconque dialogue au préalable. Mais pour ceux qui sont liés par ce génocide et refusent de retourner au Rwanda, il faut leur trouver une solution, rassure Martin Kobler.

 

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A propos de l'auteur : Adeline Marthe

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