(Forum des As)
Boutiques, marchés, bureaux de l’administration fermés. Aucune activité à Beni qui a connu l’opération ville-morte de deux jours, vendredi et samedi derniers. Le mot d’ordre de la Société civile de la place a été respecté à la lettre, à plus de 100 % selon son coordonnateur d’autant que toutes les grandes agglomérations alentour jusqu’à 50 km, comme Eringeti ont suivi le mouvement.
A la base, la protestation contre la présence des FDLR, ces miliciens hutu rwandais dans un camp de transit, près de l’aéroport Mavivi, 20 km de Beni-ville. La population n’en veut pas. Elle a exprimé son refus ferme par cette ville-morte de deux jours. Non pas pour le génocide commis au Rwanda en 1994 par les extrémistes hutu du camp du général-major Juvénal Habyarimana dont ces FDLR sont des descendants. Mais plutôt pour leurs crimes commis au Nord-Kivu et des exactions qu’ils infligent gratuitement aux populations. Les FDLR personnifient la terreur pour les Kivu. D’où la population qui estime à juste titre qu’elle ne peut cohabiter avec les FDLR, ceux-là même qu’elle estime être ses bourreaux. Même pas provisoirement, c’est-à-dire en attendant leur transfert définitif ailleurs.
La sécurité de Béni exige, par conséquent, que ces criminels soient donc délocalisés de Beni sans délai, sans quoi d’autres actions de grande envergure seraient envisagées jusqu’à ce qu’elle obtienne gain de cause.
LES MILICIENS HUTU RWANDAIS CONSIDERES COMME DES CRIMINELS
Les FDLR sont donc sur une corde raide. Dans toutes les provinces, les populations s’opposent énergiquement au moindre transfert de ces miliciens hutu rwandais considérés comme des criminels. Le mouvement avait commencé à Goma, la métropole du Nord-Kivu où la population s’était soulevée contre leur présence au site de transit. Elle avait obtenu leur délocalisation.
A l’Equateur, leur point de chute prévu par le Gouvernement central, on entend déjà des protestations çà et là, la Société civile a du reste déjà annoncé ses couleurs à ce sujet. Selon le programme des autorités de Kinshasa, Beni et les autres villes ne sont que des points de transit où ils attendaient la logistique de la Monusco pour joindre Kisangani, dans un premier temps avant d’échouer à l’Equateur, à Irebu, un ancien centre de formation militaire à quelques jets de pierre de la prison d’Angega sur le fleuve-Congo. Pas du tout rassurant avec ces FDLR qui ont une grande capacité de se réorganiser sur le plan opérationnel et de se réarmer.
Comment vont-ils évoluer là, à l’Equateur, tout près du chaos centrafricain et du périmètre de la LRA ougandaise de Joseph Koni ? Les Congolais ont raison de rejeter la présence des FDLR sur leur territoire à cause des souffrances qu’ils font subir aux populations civiles. Ils ont raison. Pendant que le Gouvernement central se bat comme un diable dans un bénitier pour leur trouver une terre d’asile à l’intérieur du pays, les FDLR continuent à frapper dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, 40 km de Butembo.
ICI ON NE CONNAIT PAS LA REDDITION
C’est l’Administrateur de territoire (AT) et le coordonnateur de la Société civile qui ont donné l’alerte. Les FDLR alliées pour la circonstance à la milice criminelle de Cheka qui a été délogée par les Fardc à Walikale, met le secteur à feu et à sang. Ils recrutent de force des enfants soldats, rasent des champs, attaquent des villages.
On compte à ce jour, 6.000 déplacés des villages de cette contrée qui fuient les exactions des FDLR, selon l’AT. Les Fardc ne sont pas visibles dans ce secteur, ce qui laisse libre cours à ces combattants hutu rwandais et aux hommes de Cheka. Ici on ne connait pas la reddition des FDLR. Ceux-ci continuent à opérer comme d’habitude. Ce qui favorise leurs opérations, c’est la présence de la forêt dense qui part de Walikale jusqu’en Province Orientale.
C’est dans cette forêt ou tous ces criminels refugient en cas de dur. La semaine passée à Walikale où deux factions de la milice NDC de Cheka se battaient au mortier, les Fardc sont intervenues. Malheureusement le criminel de guerre Cheka n’a pas été arrêté. Il avait déjà eu le temps de se mettre à l’abri dans la forêt environnante avec tout son armement lourd. A ce jour, il renforce le front des FDLR à Lubero, à 250 km de là. Ce qui permet d’avancer qu’au Nord-Kivu, la base-arrière de tous ces nombreux groupes armés avec en première ligne les FDLR, c’est la forêt dense. Comment donc aller les y déloger ? La guerre contre les FDLR devrait se dérouler là, en forêt et nulle part ailleurs…