(Forum des As)
Le dossier » FDLR » est toujours au point mort. Les six mois supplémentaires accordés à cette milice par la SADC pour son désarmement volontaire courent encore, mais s’égrènent irréversiblement. Sur le terrain, rien n’a évolué depuis le jour de l’entrée en vigueur de la rallonge de la Monusco.
Seuls les 200 combattants qui s’étaient déjà présentés aux centres de regroupement de la Monusco du Nord-Kivu et Sud-Kivu, ont fait la reddition. Preuve qu’il y a un problème et que la voie initiée ne va peut-être pas conduire à une paix durable à l’Est de la Rdc. Preuve aussi que la question des FDLR ne trouvera des réponses idoines que dans un processus de dialogue avec Kigali.
C’est ce qui ressort de la déclaration faite hier par les FDLR par le biais de leur porte-parole Boni Ewana. Les FDLR lancent un appel à la SADC à qui elles demandent de récupérer leur dossier. Ils demandent à cette organisation en qui ils ont confiance de convaincre les autorités de Kigali pour un dialogue qui doit déboucher sur leur retour au pays.
Sur la reddition en cours, le porte-parole assure que les FDLR ont montré leur bonne foi, mais sans un dialogue avec le Rwanda, tout risque de tomber à l’eau. Ils prient la SADC de tout mettre en œuvre pour obtenir des négociations avec Kigali. Il n’y a pas d’autre issue en dehors d’un dialogue, répète-t-il à brûle-pourpoint. Dialogue. C’est le maître-mot que les FDLR lancent à la SADC. Déposer les armes, suppose, selon le parole-parole qu’ils ont mis fin à la lutte armée pour se consacrer au combat politique.
UN CASSE-TETE CHINOIS
Mais comment cette transformation se fera-t-elle sans un dialogue avec le Rwanda, où ils vont aller mener combat politique ? Ce n’est pas pour le faire en exil, mais bien au pays. Par ailleurs, les FDLR font part de leur crainte de voir la SADC éjectée du mécanisme de recherche des solutions à la question des FDLR devenue un casse-tête chinois pour la Rdc, Ejecté par qui ? Il ne l’a pas dit.
On sait qu’à la CIRGL, organisation sous prédominance de l’Ouganda et de l’Ouganda, il n’est pas question d’un quelconque dialogue avec les FDLR qui doivent être anéanties par les armes. Tandis qu’à la SADC, où il n’y a aucune influence du pouvoir de Kigali, il y a une autre approche.
C’est ainsi que la SADC a accordé le rallonge de 6 mois aux FDLR, compte tenu de nombreux obstacles dressés sur la route de leur reddition. En analysant les propos du porte-parole des FDLR, on se rend compte que l’opération de désarmement volontaire tournera au vaudeville. Il ne conduira à rien.
Sa seule réussite c’est qu’une voie de dialogue soit enclenchée avec Kigali comme ils le demandent à la SADC. Car ces combattants hutu rwandais désarmés sont bien disposés à rentrer dans leur pays comme ils le déclarent. Il faut maintenant qu’il y ait une grande mobilisation dans la Communauté pour faire des pressions sur le pouvoir de Kigali pour arriver à cette fin. Or dans la Communauté internationale, Washington qui pouvait aider par des pressions pour le dialogue soutient le Rwanda pour un désarmement forcé des FDLR.
PAYER LE LOURD TRIBUT
Mais qui va le faire quand on sait que par le passé, de telles opérations se sont soldées par des échecs. Quelle est cette force qu’on déploiera qui sera plus opérationnelle que les deux armées rwandaise et congolaise qui ont fait le boulot en 2008-2009 pour voir resurgir quelques temps après les FDLR qu’on avait dit éradiquées ? La Brigade d’intervention de la Monusco avec ses 3.000 hommes est-elle en mesure de venir à bout de ces miliciens des FDLR dispersés aussi bien en forêts qu’en plein parc des Virunga.
On ne le dira jamais assez, ce sont les populations civiles congolaises qui en payeront encore le lourd tribut par la solution de la traque des FDLR. Pendant qu’on croit que ces combattants hutu rwandais sont en phase avancée de reddition, à Nyamilima, territoire de Lubero, les FDLR-FOKA et les FDLR-Rule ont installé leur empire de terreur. Ils pillent la population, recrutent de force des jeunes gens, saccagent des champs, attaquent des villages, enlèvent des femmes qu’ils utilisent comme esclaves sexuels.
La Monusco est informée de ces exactions commises par ces ailes des FDLR sur cette partie du Nord-Kivu. L’Administrateur de territoire de Lubero reconnaît aussi ces attaques criminelles et note que ces combattants des FDLR qui opèrent sur son territoire sont surarmés. Ce sont là les deux composantes les plus cruelles des FDLR, FOKA et RULE, qui rasent et brulent tout sur leur passage. Eux ne connaissent pas le processus de reddition. Ils l’ignorent totalement. En plus, ils ne peuvent déposer les armes sans avoir la garantie d’un retour négocié au pays natal pour une réinsertion dans la société rwandaise et non ailleurs. C’est là où l’appel du commandement des FDLR à la SADC pour obtenir un dialogue politique avec le Rwanda vaut son pesant d’or. Sera-t-il suivi d’effet ?