(Le Potentiel)
Avant la 4ème évaluation de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, en marge de l’Assemblé générale des Nations unies, le 22 septembre 2014 à New York, le coordonnateur national du Mécanisme de suivi de cet accord, François Muamba Tshisimbi, rompt avec le silence et s’engage à informer et sensibiliser l’opinion nationale à la portée des enjeux qui se jouent actuellement et qui engagent l’avenir de la Nation.
La RDC est le pays le plus convoité à cause de ses immenses richesses et ressources naturelles. Tous ceux qui se retrouvent sur le théâtre de combats en RDC, y compris le Rwanda, n’y sont que pour des intérêts, selon François Muamba. C’est ainsi que, pour barrer la route aux ennemis du Congo et pour que cela ne se reproduise dans l’avenir, il était tout à fait logique de combiner les trois facteurs (armée, diplomatie et politique).
Parallèlement à la Conférence de Berlin tenue en 1885, en Allemagne, où les « maîtres » du monde se réunissaient pour décider du sort de l’Afrique et de son émiettement en l’absence des Africains eux-mêmes à la table des négociations, l’accord-cadre d’Addis-Abeba conclu en février 2013 en Ethiopie, a été, quant à lui, signé par la RDC et ses neuf voisins. La différence réside dans la qualité des signataires et des animateurs de ces deux grand-messes historiques. Cerise sur gâteau, les Nations unies qui incluent l’Union Africaine (UA) ont été la porte par laquelle tous les autres pays voisins de la RD Congo ont été faits partie prenante dans cet accord-cadre. Certains observateurs avisés ont compris depuis un temps que la RDC est un enjeu planétaire et que tout le monde y voit la réponse à ces problèmes.
Pour François Muamba, c’est après avoir pris conscience de cette réalité que « le président de la République a invité tous ces homologues, leur disant que si nous voulons une paix pérenne et pour que ce soit la dernière fois qu’on nous agresse, il faut que tout le monde prenne part à la signature de cet accord que Mary Robinson, encore envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu pour la région des Grands Lacs, a appelé en son temps : « Accord d’espoir ».
Victoire diplomatique et politique
Selon François Muamba, « l’accord-cadre est une grande victoire diplomatique et politique ». Contrairement à certaines critiques acerbes, l’accord-cadre est, en réalité, un instrument susceptible de nous ramener la paix et la stabilité qui permettent de mettre en œuvre des politiques publiques, à même de rencontrer les préoccupations et satisfaire les besoins sociaux de base du peuple. Il faut aussi reconnaître que l’armée nationale (FARDC) a attaqué à front classique et avec succès les rebelles du M23 et ceux des ADF. Ce qui a permis au pays de se maintenir dans une position de force et de se faire respecter par ses voisins. Et les FARDC sont en train d’élaguer toutes les forces négatives, en vue d’obtenir la stabilité et la paix pérenne. Mais pour y arriver, explique François Muamba, « il faut enlever au Rwanda tout prétexte qui l’amène avec ceux qu’il a pu cheminer en faisant des affaires, de toujours chercher à nous agresser ». Selon lui, « le prétexte suprême du Rwanda qui semble donner une sorte de légitimité, parfois entérinée à l’internationale : « Il y a des génocidaires au Congo qui s’organisent et recrutent pour refaire le génocide ».
La réalité, c’est que depuis 20 ans, on ne s’est jamais attaqué aux vrais génocidaires. Et le Rwanda qui pleure aujourd’hui, affirmant qu’un génocide se prépare à partir du Congo, a lui-même occupé l’Est du pays avec le RCD/Goma pendant 4 à 5 ans. « Peut-on comprendre avec l’armada que le Rwanda n’avait pas les moyens de finir avec ce problème-là ? », s’interroge le coordonnateur du Mécanisme de suivi de l’accord-cadre. Il pense qu’« apparemment, ils ont les moyens et n’ont tout simplement pas voulu le faire ». C’est un élément d’appréciation quant à la question de savoir « comment fait-on aujourd’hui pour que cela s’arrête ? Car, depuis 20 ans, ils étaient en dizaine de milliers qui sont retournés au Rwanda et on parle aujourd’hui en RDC de 1 400 et 1 500 éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Ces derniers à la différence des autres qui sont retournés, constitue un noyau dur », a expliqué François Muamba.
En réalité, ce qui sont rentrés, sont ceux qui ne posaient pas de condition pour rentrer et l’ont été aux conditions du vainqueur. « Quand ils rentrent aux conditions du vainqueur, ce ne sont pas de génocidaires apparemment », selon Muamba. Pour lui, ceux qui disent qu’ils sont d’accord pour déposer les armes, parce qu’ils lisent les signes de temps et veulent aller faire de la politique chez eux sans armes, ceux-là sont des génocidaires ». Et ce problème a été bien analysé du côté de Kinshasa.