(Le Phare)
Selon la Société Civile du Nord-Kivu, relayée par radiookapi.net, des groupes de rebelles rwandais des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda), traqués depuis le 29 janvier 2015 par les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) dans le cadre de l’opération « Sukola II », sont en train de déserter leurs maquis du Nord-Kivu pour la Province Orientale. Partant des territoires de Lubero, Rusthuru et Nyiragongo, ils empruntent un long couloir passant par le territoire de Beni pour gagner les forêts du district de l’Ituri.
On croit savoir qu’ils ont choisi de se déporter au Nord du pays, probablement dans l’espoir de trouver des appuis militaires auprès des rebelles ougandais de l’ADF et, pourquoi pas, des résidus de la rébellion du M23 qui continuent de squatter le territoire de Beni. Ainsi donc, au lieu de prendre le chemin du Rwanda, leur pays d’origine, les miliciens Hutu génocidaires se trouvent lancés dans une « campagne » d’éloignement de la frontière congolo-rwandaise.
Au vu de ce scénario, il y a à se demander si ces citoyens rwandais présents en territoire congolais depuis 1994 n’obéissent pas à un agenda caché de Kigali, à savoir celui de les voir évoluer loin de la frontière. Opposés à tout désarmement, volontaire ou forcé, ils refusent d’être capturés, cantonnés et renvoyés dans leur mère patrie, pour continuer à entretenir l’insécurité non pas au Rwanda, mais plutôt en République Démocratique du Congo. Si le gros des troupes des FDLR, que les dernières statistiques évaluent à moins de 2.000 âmes, réussit à s’exfiltrer du Nord-Kivu et à faire jonction, en Province Orientale, avec l’ADF et des groupes armés locaux, la situation sécuritaire de l’Ituri risque de se gâter sérieusement.
Le défi du verrouillage de l’axe Lubero-Beni-Mambassa
Des autochtones du Nord-Kivu et de la Province Orientale pointent du doigt l’axe Lubero-Beni-Mambassa, comme celui qu’empruntent, par petits groupes armés, des éléments FDLR en fuite manifestement organisée vers le district de l’Ituri. Tous les regards sont tournés vers les FARDC, que l’on voudrait voir installer des « verrous » aux points de passage, connus et très fréquentés, entre les deux provinces.
Cela suppose une requalification de l’opération « Sukola II ». En effet, d’aucuns souhaitent qu’au-delà de la traque des FDLR, dont les noyaux durs ont entrepris de faire mouvement hors du territoire du Nord-Kivu et, partant, loin de celui du Rwanda, l’armée congolaise se redéploye vers tous les couloirs de nature à favoriser leur fuite. Au regard des effectifs et de la logistique disponible, il est possible de les bloquer à partir de leurs sanctuaires actuels et les mettre hors d’état de nuire.
Autrement dit, les FARDC ont intérêt à initier une stratégie spéciale de harcèlement des FDLR, qui ne devrait pas permettre aux fuyards de partir vers la Province Orientale. Toutes les prières de nos compatriotes vont dans le sens du redoublement de vigilance du côté des troupes loyalistes, afin que cette « force négative » ne passe pas par les mailles du filet, compte tenu de sa forte capacité de nuisance.
Pourquoi le Nord ?
Qu’est-ce que les forces du mal préparent au Nord du pays ? Dans notre livraison d’hier, nous avons fait état d’une campagne sournoise de recrutement de jeunes congolais du Nord et Sud-Kivu, sous couvert de l’Islam, pour des camps d’entraînement militaire dans le massif du « Graben », à la frontière avec l’Ouganda, en vue de leur participation à des mouvements terroristes en Afrique Centrale, Orientale et Occidentale. Les recruteurs sont identifiés comme d’anciens membres du M23 et d’animateurs actuels de l’ADF. Alors que l’on s’interroge sur la ruée de jeunes Congolais vers le Nord, il est curieux de constater que depuis un temps, les combattants des FDLR commencent à leur tour, à infiltrer la même partie du pays.
Il y a gros à parier qu’un tel décor n’augure rien de bon pour la RDC et ses citoyens, principalement ceux déjà en proie à une insécurité récurrente au Nord-Kivu et en Province Orientale. Les semaines et mois à venir ne vont certainement pas tarder à nous apporter des réponses qui nous font présentement défaut. Mais, au lieu d’attendre et de subir les événements, le pays a cette fois les moyens d’anticiper.